Matières nucléaires et risques sur la santé
Les risques sanitaires de l’uranium
Le risque pour la santé de l’uranium dépend du type d'exposition et du degré de solubilité de cette forme dans l'organisme aussi bien que de la composition de l'uranium.
Tant que l'uranium reste en dehors du corps, il provoque relativement peu de dégâts, principalement du rayonnement gamma émis par l'uranium 234. De plus, plusieurs composés d'uranium, y compris UO2 et U308, sont très peu ou pas absorbés par l'appareil gastro-intestinal. Donc, le risque d'inhalation est souvent plus important que le risque d'ingestion.
L'inhalation de particules de moins d'un micron de diamètre est plus dangereuse que l'inhalation des plus grandes parce que ces poussières pénètrent dans le poumon profond.
Lorsque l'uranium est inhalé sous forme de composés solubles, il passe rapidement dans le sang. Une partie est éliminée dans les urines. Le reste se dépose dans les reins et les os, et il peut provoquer des blocages rénaux très sévères.
Lorsque l'uranium est inhalé sous forme de composés insolubles, il est en partie retenu par les poumons qu'il irradie, pouvant provoquer le développement d'un cancer. L'uranium est évacué très lentement des poumons d'animaux.
Les risques sanitaires du plutonium
Comme métal lourd, le plutonium est toxique chimiquement, mais c'est sa radiotoxicité qui est déterminante. Tous les isotopes de plutonium émettent des particules alpha et des faibles radiations gamma sauf le plutonium 241 qui n'émet que des particules bêta.
L'uranium 235 et uranium 238 sont également des émetteurs alpha. Le plutonium est plus nocif que l'uranium 235 et l'uranium 238, en grande partie à cause des différences dans leur demi-vies et, par conséquent, dans leur activité spécifique. Les demi-vies des isotopes du plutonium sont bien plus courtes que celles de l'uranium 235 et 238. Le plutonium 239 d'une demi-vie de 24 400 ans, a une activité spécifique environ 200 000 fois plus grande que celle de l'uranium 238 et environ 30 000 fois plus grande que celle de l'uranium 235. Les particules alpha émises dans la désintégration du plutonium 239 sont environ 25 % plus énergétiques que celles émises par la désintégration de l'uranium 238 et de l'uranium 235. Donc, le plutonium 239 est environ 250 000 fois plus nocif par gramme que l'uranium 238 et environ 39 000 fois plus nocif par gramme du point de vue radiologique que l'uranium 235.
Comme avec les composés d'uranium, l'impact des composés du plutonium sur le corps dépend de la solubilité du composé. Les composés solubles, y compris le nitrate de plutonium, passent rapidement au foie et aux os et sont une cause prouvée du cancer des os et de foie. Les composés insolubles ou peu solubles, y compris l'oxyde de plutonium, restent dans les poumons pendant des années. L'inhalation d'environ 30 microgrammes de plutonium sous forme insoluble ou peu soluble, supposant une répartition homogène de la charge, est une cause presque certaine du cancer du poumon ; des expériences animales l'ont démontrée. Les effets de l'exposition sur le corps humain sont relativement peu connus, notamment, en grande partie parce que les gouvernements n'ont pas systématiquement rassemblé et analysé les données concernant les travailleurs exposés au plutonium.
Le plutonium 241 (demi-vie 13,2 ans), qui se trouve en quantités variables dans toutes les formes de plutonium se désintègre en américium 241, lequel émet des radiations gamma aussi bien que des radiations alpha. L'américium 241 s'accumule dans les tissus, en particulier les reins et les os, y créant un danger semblable à celui du plutonium. De plus, il décroît avec une période de 458 ans par désintégration alpha en neptunium 237, lui-même un émetteur alpha et gamma avec une période de 2 millions d'années. Le plutonium 239 se désintègre en uranium 235.
Pour en savoir plus
Les risques sanitaires du tritium
Le tritium n'est pas facile à manipuler en sécurité. L'irradiation bêta émise par le tritium est faible. Néanmoins, dans le corps humain, il s'agit d'une substance reconnue au moins cancérigène.
Des installations nucléaires, les essais aériens ou les fuites des essais souterrains rejettent le tritium sous forme de gaz et d'eau tritiée, qui peuvent contaminer la chaîne alimentaire. Le tritium pénètre dans l'être humain et dans d'autres animaux par l'aspiration, par l'absorption à travers la peau ou par l'ingestion. Le tritium inhalé se répand de façon égale dans les tissus mous ; l'eau tritiée se mêle rapidement à toute l'eau du corps humain. Puisque l'eau tritiée est chimiquement identique à l'eau ordinaire, on la considère généralement comme bien plus radiotoxique que le gaz tritium, 25 000 fois plus, selon une étude de l'
AIEA.
On comprend moins bien que le tritium lié organiquement puisse être encore plus dangereux. Il peut irradier l'intérieur du corps pendant 550 jours, contre 10 jours seulement pour l'eau tritiée. Il fixe des doses sur des cellules et des organes précis au lieu de se diluer dans toute l'eau du corps. De plus, certaines études suggèrent que le tritium se concentre dans l'
ADN où il peut faire des dégâts génétiques.
Après une étude de fond sur le tritium, un Conseil consultatif du gouvernement de l'Ontario, Canada, a recommandé que le maximum de tritium autorisé dans l'eau potable soit réduit de 7 000 Bq/l à 20 Bq/l en cinq ans et que l'on envisage une réduction encore plus importante. En France, la limite dérivée de la limite annuelle d'incorporation est de 274 000 Bq/l.
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