Le mouvement non-violent et les essais nucléaires


En 1973, le Pasteur Georges Richard Mollard du MIR et Jean-Marie Muller, fondateur du MAN ont participé à l’épopée du « Bataillon de la Paix ». Après l’arraisonnement du « Fri », les équipiers du voilier ont même engagé une grève de la faim, caractéristique de l’action non-violente.

En 1987, invité par le président du Tavini Huiraatira Oscar Temaru, Pierre Parodi, responsable de la Communauté de l’Arche de Lanza del Vasto, fit une mission d’information à Tahiti. Il venait également à la rencontre de M. Gilles Parzy, allié de l’Arche vivant en Polynésie, et qui, depuis des années, informait régulièrement les mouvements français de la résistance polynésienne aux essais nucléaires.

En 1989, commémorant l’anniversaire de la première bombe à Moruroa du 2 juillet 1966, le Comité des jeunes du Tavini Huiraatira organisa un jeûne public pour l’arrêt des essais nucléaires devant la cathédrale de Papeete. Cette initiative, tournée en dérision par une presse habituée à encenser les essais, donnait une dimension polynésienne à la lutte non-violente contre les essais nucléaires.

Cette action se situe clairement dans la tradition non-violente qui utilise le jeûne public comme une interpellation des autorités. Ainsi, des courriers demandant l’arrêt des essais nucléaires furent adressés aux autorités de la Polynésie, au Président de la République et même au Pape Jean-Paul II. Les suites de cette action du Comité des jeunes du Tavini Huiraatira s’ajoutant aux débats publics du Tomite te Ra’i Hau incitèrent la Direction des essais à faire œuvre de transparence. Pour la première fois à Tahiti, s’ouvrit quelques mois plus tard, une « table ronde sur les essais » à laquelle participèrent les autorités militaires.

Cette même année à Paris, les 25 et 26 novembre, Etienne Teparii, représentant Oscar Temaru, président du Tavini Huiraatira, fit un exposé sur la « résistance non-violente au nucléaire » lors du Forum international « Non violence et droits de l’homme ».

Du 5 au 13 mars 1990, Marie-Pierre Bovy, membre de la Communauté de l’Arche, présidente du MIR et fondatrice de Stop Essais organisa un « jeûne d’interpellation » pour l’arrêt des essais nucléaires auquel participa Vito Maamaatuaiahutapu alors président du Comité des jeunes du Tavini Huiraatira.

Les échanges entre militants et représentants de l’Eglise protestante polynésiens et les mouvements non-violents français se sont souvent concrétisés par des visites au Larzac, haut lieu d’une longue lutte non violente et victorieuse des paysans de ce plateau du sud du Massif central contre l’extension d’un camp militaire. Cette proximité des militants polynésiens et du Larzac s’est poursuivie en 1995 lors de la reprise des essais à Moruroa. Une délégation du Larzac vint manifester à Papeete avec José Bové et Alain Desjardins, militants du Larzac de la première heure, accompagnés de Marie-Pierre et de Pierre Bovy, membres de la Communauté de l’Arche de Bonnecombe, proche du Larzac.


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