Réflexions polynésiennes sur le statut de Moruroa et Fangataufa
Depuis 2005, après les commissions d’enquête de l’Assemblée de la Polynésie et du Conseil Economique, Social et Culturel, après les travaux du Conseil d’orientation sur le suivi des conséquences des essais nucléaires, la question du statut de Moruroa et Fangataufa est posée avec plus d’insistance.
Pour certains élus polynésiens, les atolls doivent être restitués à la Polynésie conformément à la délibération du 6 février 1964. D’autres constatent que la France a modifié le statut des atolls selon la législation française qui fait que Moruroa et Fangataufa sont parties intégrantes du territoire français comme « terrains militaires » et « installations nucléaires intéressant la défense ». D’autres encore, constatent que les deux atolls sont définitivement perdus pour toute activité humaine pendant des millénaires et que la priorité est de faire réaliser une expertise indépendante et internationale, puis d’associer la Polynésie au système de surveillance qui sera mis en place à l’issue de cette dernière expertise. Enfin, d’autres considèrent Moruroa et Fangataufa comme « un moyen de pression » sur la France qui devrait compenser les dommages causés à la Polynésie par des transferts financiers accrus.
Le débat n’est donc pas clos. Cependant, s’il est une conviction partagée par les Polynésiens, c’est que la France n’a pu devenir une puissance nucléaire mondiale de premier rang que grâce à la Polynésie française et qu’en conséquence, la dette de la France à l’égard de la Polynésie doit être « éternelle ».
En 2008, la question des essais nucléaires fait partie du discours, non seulement de la classe politique et des associations, mais aussi des organisations syndicales et même patronales. Les fonctionnaires, privilégiés de la période des essais nucléaires en contrepartie de leur silence, utilisent aujourd’hui l’argument des essais nucléaires dès que l’Etat tente de remettre en cause leurs « acquis », notamment sur leurs « sur-pensions » de retraite, prélude à une révision de leurs « hauts » salaires !