Drame à Tahiti
Bien évidemment, ni les élus ni le peuple polynésien ne furent consultés sur cette reprise des essais alors que nombre d’entre eux estimaient que la page était définitivement tournée depuis 1992. L’afflux de personnalités du monde entier, l’ampleur du débat dans de nombreuses couches de la population exacerbèrent les tensions qui culminèrent avec la mise à sac de l’aéroport de Faa’a et le pillage de commerces de la ville de Papeete.
Le 6 septembre 1995, au lendemain du premier essai complaisamment retransmis à la télévision, un choc émotionnel collectif dégénéra en émeute. C’était le produit d’un autre « malheur » provoqué par 30 ans d’essais nucléaires : la discrimination sociale camouflée « derrière le rideau de fleurs ».
Pour contrebalancer la désapprobation de l’opinion mondiale, le ministère de la défense lança une opération de propagande sur l’innocuité des essais de grande envergure. Des documents furent distribués à la presse ainsi qu’une version « plus confidentielle » pour les parlementaires et les diplomates. Un voyage de presse fut même organisé par le ministère depuis Paris à l’occasion du premier tir. Mal lui en prit. En effet, les médias relatèrent tout autant sinon plus l’imprévisible émeute que l’essai de Moruroa.