Campagne de tirs écourtés
Annoncée le 13 juin 1995 pour devoir se terminer à la mi-1996, la campagne de tirs décidée par le nouveau Président de la République a été finalement écourtée. Six essais ont été réalisés dont deux de forte puissance sous le lagon de Fangataufa. Le dernier essai nucléaire effectué par la France en Polynésie française eut donc lieu à Fangataufa le 27 janvier 1996.
Le Président Chirac annonça, le 29 janvier 1996, la contrepartie de cette campagne de tirs intempestive : le démantèlement du site d’essais de Moruroa, la signature par la France du traité de Rarotonga portant sur la dénucléarisation du Pacifique Sud, une expertise sur les anciens sites d’essais par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique et l’engagement diplomatique de la France pour la négociation du traité d’interdiction totale des essais. Il est clair que ces engagements du Président français allaient désamorcer la mauvaise image de la France dans l’opinion et les milieux diplomatiques internationaux.
Pour l’histoire, rappelons que c’est Gaston Flosse qui fut mandaté par le Président Chirac pour signer, au nom de la France, les trois protocoles du traité de Rarotonga. La cérémonie eut lieu à Suva le 25 mars 1996 en présence des ambassadeurs des deux autres pays « réfractaires » au traité – les Etats-Unis et le Royaume-Uni – qui signèrent eux aussi le document faisant désormais du Pacifique Sud une zone dénucléarisée.
La décision présidentielle provoqua néanmoins quelques remous dans les milieux de la défense dont les relais parlementaires se firent le porte-parole. Ainsi, en novembre 1996, le président de la Commission de la défense du Sénat s’inquiéta que la décision de fermeture immédiate de Moruroa
« prive la France de toute capacité matérielle d’expérimentation », à l’inverse des Etats-Unis, de la Russie et de la Chine qui n’ont pas démantelé leurs sites d’essais.