Mangareva, le bout du monde
Il est des lieux, plus que d’autres, chargés d’histoire. Mangareva est certainement l’un de ceux-là en ce sens que cette île magnifique de l’archipel des Gambier est comptable dans son patrimoine architectural comme dans les esprits de ses habitants de deux grands événements qui, à un peu plus d’un siècle d’intervalle, ont bouleversé la Polynésie : à savoir la christianisation et les expériences nucléaires. Le Père Honoré Laval et les Mangaréviens des années 1830 ont laissé de prodigieux monuments religieux dont la cathédrale Saint Michel de Rikitea reste aujourd’hui le plus fier souvenir.
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Un siècle plus tard, les « autorités responsables » des essais nucléaires décidaient que les Gambier devraient s’intégrer au programme de la bombe. Une base militaire serait construite sur le récif de Totegegie pour protéger les « arrières » des deux atolls nucléaires de toute intrusion étrangère. Quant aux quelque 570 habitants de l’archipel, nullement consultés, il fut décidé de les « protéger » dans un immense « abri » qui, jusqu’en mai 2008 fut, avec la cathédrale, le plus grand des bâtiments jamais construits à Mangareva.
Avant 1966, les Mangaréviens vivaient au rythme de toujours : pêche et agriculture vivrière, fêtes religieuses toujours suivies avec ferveur.
L’influence du tavana était assez « symbolique » à cette époque où le pouvoir de l’administration républicaine était réservé aux gendarmes. Mais l’autorité incontestée – et redoutée - de l’archipel était le Père Daniel Egron, curé des Gambier sans lequel rien ne pouvait se décider dans cette petite communauté insulaire.