La vie quotidienne à Mangareva au temps des essais


La vie quotidienne des Mangaréviens au temps des essais nucléaires se reconstitue au fil des témoignages.

En 2006, la Commission d’enquête de l’Assemblée de la Polynésie a consacré un long chapitre à Mangareva qui, évidemment, n’est qu’une approche partielle, croisée avec les souvenirs des militaires qui séjournèrent dans l’archipel et les quelques documents de la DIRCEN ayant échappé au secret militaire. Le petit livre de M. Lucas Paeamara, ancien maire des Gambier, est aussi une source d’information sur cette période. En 1990, quelques témoignages de Mangaréviens ont été publiés dans la brochure « Témoignages » et, en avril 2008, un reportage de Sophie Bontemps de l’équipe de Thalassa « Gambier sous le vent nucléaire » a contribué à enrichir la connaissance de cette histoire mangarévienne. Les quelques lettres du Père Daniel, curé des Gambier à cette époque, extraits des archives de la Mission catholique à Papeete, constituent également un apport important sur l’état d’esprit des Mangaréviens et les bouleversements provoqués dans cette petite population par la présence massive des militaires.

Depuis quelques années, avec le développement d’internet, des vétérans se sont pris au jeu de raconter leur « histoire » et de mettre en ligne leurs photos et souvenirs d’époque. Ces derniers contribuent ainsi à une nouvelle et très fructueuse approche de la reconstitution du vécu, en ce sens qu’elle se confronte aux mémoires complémentaires des internautes.

S’il est une préoccupation, encore contemporaine, des Mangaréviens, c’est bien l’empoisonnement du poisson de leur lagon. Pour la période des essais aériens, le doute subsiste : le lagon réputé si pur et transparent des Gambier a subi, comme les îles, des retombées radioactives répétées entre 1966 et 1974. De plus, selon des témoins, des bâtiments de la Marine nationale venaient de Moruroa pour être nettoyés dans le lagon des Gambier. Alors, ciguatera ou empoisonnement radioactif ? Difficile à se déterminer quand on sait que les symptômes de ces deux atteintes sont très similaires, d’autant que dans les années 1966 et suivantes, le recensement des personnes « empoisonnées » n’avaient probablement pas toutes les compétences médicales pour déterminer l’origine de l’empoisonnement du poisson.

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