Commission d’enquête et réhabilitations


La véritable histoire de l’engagement du gouvernement de M. Oscar Temaru pour un bilan des essais nucléaires commence le 10 mai 2005 à Rikitea lorsque l’association Moruroa e tatou raviva la mémoire des Mangaréviens, documents à l’appui, sur les événements du 2 juillet 1966.

L’information, coordonnée avec la revue Damoclès, fut à l’origine d’un étonnant débat médiatique en métropole qui obligea le ministère de la défense à réagir, sans conviction, devant l’évidence : avec le « rapport Millon » et d’autres documents de 1966, restés secrets jusqu’à ce jour, la preuve était faite que Mangareva avait été gravement contaminé dès le premier essai nucléaire français à Moruroa.

Deux mois plus tard, l’Assemblée de la Polynésie décidait la mise en place d’une commission d’enquête sur la période des essais aériens. Unutea Hirshon en était nommée la présidente et Bruno Barrillot fut désigné comme expert pour conduire les auditions et les travaux de la Commission.

En octobre 2006, la Commission, accompagnée des experts de la CRIIRAD Bruno Chareyron et Christian Courbon, effectua une mission d’information à Mangareva qui fut l’occasion d’un long débat public entre une dizaine de représentants de l’Assemblée de la Polynésie et les Mangaréviens. Du jamais vu dans cette petite île si lointaine de Tahiti !

Malgré beaucoup de mauvaise foi, les représentants de l’Etat et le ministère de la Défense se virent contraints d’intervenir en Polynésie même. Ils dépêchèrent M. Jurien de la Gravière, délégué à la sûreté nucléaire de défense et ancien haut dirigeant du Commissariat à l’Energie Atomique, pour tenter d’éteindre le vent de contestation des Polynésiens. Les missions successives du Délégué – dites de « transparence » - ne firent que renforcer les convictions des Polynésiens que les responsables du CEP et des gouvernements successifs de la 5ème République leur avaient menti en affirmant l’innocuité des essais nucléaires.

Sous la pression du Conseil d’orientation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires (Coscen), le ministère de la Défense dut programmer, dès novembre 2006, le « nettoyage » des anciennes installations du CEP abandonnées parfois depuis plus de 20 ans dans les « stations périphériques ». Après les atolls de Pukarua et de Reao, les travaux de « réhabilitation » commencèrent aux Gambier en janvier 2008… sous l’œil de la caméra de Thalassa dont le reportage fut diffusé en avril suivant en Métropole comme en Polynésie.

Mangareva est aujourd’hui débarrassé de ces ruines disgracieuses de la période des essais. Hélas, profitant de « l’instabilité » politique à Tahiti, les travaux ont essentiellement consisté à « effacer les traces » de la période des essais. Les propositions du Coscen pour la « reconstruction de la mémoire » du temps des essais aux Gambier ont été « oubliées ». Quant aux actions de « compensations » - notamment la restauration de la cathédrale Saint-Michel si chère aux Mangaréviens – il n’en est plus question, si ce n’est qu’une association de Mangaréviens s’est créée pour la restauration. En attendant, les offices religieux se font dans la salle des sports, au détriment des équipes sportives des jeunes mangaréviens.


 Glossaire

Mot 
  • CEP
  • Centre d’expérimentation du Pacifique


 Quizz
Citez au moins trois organisations politiques, religieuses, associatives polynésiennes qui se sont opposées aux essais nucléaires.



© Copyright 2009 Assemblée de la Polynésie française   | Mentions légales