La recherche et le suivi sanitaire


Dès la fin des essais, le ministère de la Défense a contribué au financement d’une étude épidémiologique sur le cancer – incidence et mortalité – en Polynésie française. Cette étude portant sur les années 1985-1995 et réalisée sous la direction de M. Florent de Vathaire de l’INSERM a été financée par la DIRCEN.


En fait, pour le ministère de la Défense, l’objectif de ces études d’appuyer la thèse de l’innocuité des essais nucléaires. Lors de la remise des travaux de cette étude, en septembre 1998, le ministère de la Défense écrivait que l’étude « montre que pour l’ensemble des cancers en Polynésie française, il n’y a pas de relation entre les taux et la proximité des centres d’expérimentations (moins de 500 km). Elle n’a pas permis de mettre en évidence de variation significative, temporelle ou spatiale, permettant d’attribuer un rôle aux essais aériens dans l’incidence actuelle des leucémies et de cancers thyroïdiens ».


Il ne s’agissait donc pas de faire « un point sanitaire » de la population de la Polynésie après 30 ans d’essais nucléaires ni d’envisager en conséquence les mesures compensatoires à prendre.

En 2006, huit ans plus tard, la même équipe de recherche sous la direction de M. Florent de Vathaire donne ses premières conclusions d’une étude sur le cancer de la thyroïde en Polynésie. Financée par des organismes indépendants des Armées, l’étude estime que quelques cas ne peuvent s’expliquer qu’en raison des essais nucléaires. Le Délégué à la sûreté nucléaire de Défense s’offusque alors qu’on incrimine les essais, fait désavouer les résultats de l’équipe scientifique de l’INSERM par des « spécialistes » de la désinformation des Académies des Sciences et de Médecine et voue l’INSERM aux gémonies ! Désormais la recherche médicale sur les conséquences des essais nucléaires sera financée par le ministère de la Défense et confiée, dans des conditions scientifiques discutables, à un organisme privé peu connu pour ses travaux – inexistants – sur les effets des radiations ionisantes. Un appel d’offre a été fait en 2006 et le bénéficiaire est la société « Sépia Santé ».

En 2007, profitant d’un gouvernement polynésien peu enclin à critiquer l’Etat, le ministère de la Défense met en place à Tahiti, un « Centre de suivi sanitaire » pour les anciens travailleurs de Moruroa avec des médecins militaires. On ne peut pas ranger cette initiative au rang des « compensations » tant l’intention sous-jacente du ministère de la Défense est claire. Ce dernier veut garder la maîtrise des conséquences des essais comme il avait la maîtrise des essais eux-mêmes. La même démarche est effectuée en France : à l’association des vétérans qui demandait un suivi médical « indépendant » pour tous les anciens des essais, il lui fut proposé le seul suivi par le Service de santé des Armées.


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Mot 
  • DIRCEN
  • Direction des centres d’expérimentations nucléaires
  • INSERM
  • Institut national de la santé et de la recherche médicale


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