Essais souterrains et course aux armes nucléaires
A partir de 1975, la France allait pouvoir bénéficier d’une accalmie politique dans le Pacifique. Le discours officiel français sur les « essais propres », très mal perçu du temps des essais aériens, allait pouvoir s’ancrer dans les esprits des diplomates et d’une bonne partie de la classe politique polynésienne.
En renonçant aux essais aériens, la France rentrait dans les normes voulues depuis 1963 par les trois grandes puissances nucléaires. Mais, le passage aux essais souterrains n’empêchait nullement la poursuite de la course aux armements nucléaires, cette dernière était seulement rendue moins « visible » aux yeux de l’opinion publique. Les essais souterrains ont permis la mise au point des armes nucléaires « miniaturisées » au point que le stock mondial maximum (principalement américain et soviétique) a été atteint en 1986 avec près de 70 000 armes nucléaires !
La participation de la France à cette course aux armes nucléaires a été, certes, de moindre ampleur et décalée dans le temps par rapport aux deux super Grands. Les « miniaturisations » mises au point par les 147 essais souterrains à Moruroa et Fangataufa ont cependant permis à la France de passer de 145 armes nucléaires en 1974 à son maximum de 584 armes nucléaires en 1992.
Le débat de politique intérieure en France, avec la montée en puissance de la gauche dans la fin des années 1970, allait également contribuer à la poursuite des essais nucléaires et à l’accroissement de l’arsenal nucléaire français. Pour arriver au pouvoir, les partis de l’Union de la Gauche renoncèrent à leurs convictions antinucléaires pour approuver, dans le « Programme commun » de 1977, le principe gaulliste de la dissuasion nucléaire. Aux risques camouflés des essais souterrains allait s’ajouter le poids d’une quasi absence d’opposition politique sur les questions nucléaires.