Des événements décisifs
Plusieurs événements de la fin de la décennie 1980 allaient précipiter la remise en cause des essais nucléaires.
En 1985, l’attentat contre le Rainbow Warrior perpétré dans un pays ami par les services secrets français discréditait l’acharnement du gouvernement français dans la poursuite de ses essais nucléaires à Moruroa. En s’attaquant directement Greenpeace, une organisation internationale, la France s’attirait à nouveau la désapprobation mondiale qu’elle avait pourtant tenté de désamorcer en 1975 en renonçant aux essais aériens. Se sentant dans ses derniers retranchements, la France prit même, en 1986, une mesure stupéfiante en expulsant une députée allemande du Parlement Européen venue à Tahiti en voyage d’information !
L’année suivante, le 26 avril 1986, l’effroyable accident de Tchernobyl allait à nouveau remettre en cause la sûreté et l’innocuité de l’industrie nucléaire. Inévitablement, les conséquences de Tchernobyl allaient relancer le doute sur l’innocuité des essais nucléaires et notamment des retombées radioactives des essais aériens. Les études épidémiologiques et médicales, après Tchernobyl, ont eu un tel impact que les organisations internationales spécialisées –
UNSCEAR et
CIPR – durent revoir de fond en comble les normes de protection environnementales et sanitaires fixées 40 ans plus tôt, après Hiroshima et Nagasaki.
Enfin, le 9 novembre 1989, la chute du Mur de Berlin et l’éclatement de l’URSS, après plusieurs années de « guérilla pacifiste » en France et en Europe, allait précipiter la fin des essais nucléaires. Le dernier essai souterrain soviétique eut lieu en Nouvelle-Zemble le 24 octobre 1990 et le Président Gorbatchev annonça un moratoire d’un an à compter du 5 octobre 1991. Cette décision du président russe allait engager la France et les Etats-Unis à l’adoption d’un moratoire en 1992.