Météo et "essais propres"
La météo avait un rôle essentiel au cours de la période des essais atmosphériques. En effet, les services de la météorologie avaient pour mission de donner à la Direction des essais des assurances que le nuage radioactif produit par une explosion aérienne n’effectuerait des retombées que sur des zones « vides » d’habitants, de navires et d’avions civils.
Pendant les campagnes de tirs aériens, les stations météo envoyaient les données relevées à leur direction qui se trouvait aux côtés du patron du
GOEN. C’est ce dernier qui donnait le feu vert pour le tir après avis de la direction de la météo. Les dirigeants des services météo se disculpent encore aujourd’hui en affirmant que toutes les précautions étaient prises pour éviter les retombées sur les zones habitées. Peut-être ont-ils fait au mieux des conditions météos, mais leurs dénégations actuelles sont indécentes au regard de la réalité.
Evidemment, ces documents restent « secrets », même si en 2006, le ministère de la Défense a reconnu des retombées « significatives » pour une dizaine d’essais aériens.
En 2006, le ministère de la Défense a publié la liste des reports des tirs aériens : sur 46 essais aériens, il y a eu 27 reports dont 25 pour des raisons météorologiques. Le record de ces reports dus aux caprices de la météo est tenu par l’essai de sécurité « Bélier » effectué le 1er juillet 1974 et qui avait dû être reporté de 21 jours !
La mention de ces reports météo, reconnus 40 ans plus tard, voudrait faire croire que la direction des essais prenait toutes les garanties pour éviter les retombées du nuage radioactif sur les îles habitées de la Polynésie. En fait, lorsqu’on consulte les documents officiels contemporains des essais aériens (voir document), on constate que même avec tous ces reports, les vents n’étaient pas maîtrisés et que des retombées radioactives se produisaient partout sur la Polynésie.