Base arrière et base avancée
L’organisation des essais nucléaires en Polynésie nécessitait également des infrastructures de services et de communications avec la métropole. Tahiti a été désignée comme la « base arrière », avec la piste d’aviation de Faa’a, le port de Papeete qui fut agrandi et aménagé pour recevoir des bâtiments de gros tonnage. Le quartier général du
CEP (COMSUP) fut mis en chantier dès 1963 à Pirae.
On construisit également un quartier général du
CEA à Mahina, puis le camp militaire d’Arue, des ensembles résidentiels pour les familles des militaires et des personnels civils du
CEA et des grandes entreprises métropolitaines, l’hôpital militaire Jean-Prince, le centre de repos de Mataiea…
L’économiste Gilles Blanchet donne un ordre de grandeur de l’ampleur des changements humains qui se produisirent à Tahiti : « De 1962 à 1970, les Européens résidant à Tahiti voient leur nombre quintupler et leur proportion dans la population active passe de 7 à 22 %, soit quelque 7 500 travailleurs. »
On a arraché près de 10 000 cocotiers et sur une bande de 17 km, on a construit des lieux d’habitation pour les personnels civils et militaires du CEP (environ 2500 personnes) une base aérienne et ses infrastructures avec une piste de 3420 mètres, des laboratoires, un hôpital et de nombreux ateliers.
L’atoll de Hao fut choisi par la Direction des Centres d’Expérimentation Nucléaires (
DIRCEN) comme « base avancée » des sites d’essais de Moruroa et Fangataufa. Les travaux de la Base interarmées (BIA) de Hao commencèrent en septembre 1964 pour l’infrastructure aéronautique, les ouvrages maritimes et certains aménagements de la « base vie ». Les travaux sont effectués sous la responsabilité d’une entreprise pilote Les Grands Travaux de l’Est et du maître d’œuvre, la MTBAT (Mission Temporaire des bases aériennes aux Tuamotu). De nombreux travailleurs Polynésiens ont travaillé à cette construction de la base de Hao.