Les essais de l’Inde, du Pakistan et de la Corée du Nord


Inde

Le 18 mai 1974, l’Inde faisait exploser un engin nucléaire à Pokhran, dans le désert du Rajasthan. L’énergie de cet essai souterrain, effectué en puits à 107 mètres de profondeur, est estimée à 8 kt. Officiellement, Indira Gandhi déclara qu’il s’agissait d’une expérience nucléaire « à des fins pacifiques » au nom de code « Smiling Buddha ». En fait, il s’agissait d’un modèle de bombe au plutonium, mais en 1974, l’Inde ne disposait pas encore de système d’arme pour déployer une arme nucléaire.

Sur le même site de Pokhran, l’Inde procédait, le 11 mai 1998, à trois essais nucléaires souterrains dont la finalité militaire était, cette fois, clairement reconnue. Le doute subsiste sur le nombre d’engins explosés puisque le rapport UNSCEAR 2000 compte six essais indiens le 11 mai 1998. Les trois essais avaient des objectifs différents :

-l’essai « Shakti I », tiré en puits à plus de 200 mètres de profondeur développa une énergie entre 22 et 30 kt. L’engin comportait deux étages : le premier étant une bombe à fission destiné à amorcer le deuxième étage à fusion thermonucléaire. Il semble que ce second étage ne fonctionna pas correctement.
-l’essai « Shakti II », tiré en puits à plus de 150 mètres de profondeur, était un exemplaire de bombe nucléaire à fission tactique. Il développa une énergie de 12 kt.
-l’essai « Shakti III » a été tiré en puits et l’énergie développée fut de faible puissance : 0,3 kt. Cependant, les experts indiens ont indiqué qu’ils avaient utilise du plutonium issu de réacteurs civils et non du plutonium dit « de qualité militaire ». Les Indiens voulaient ainsi démontrer qu’ils avaient la capacité de construire un important arsenal d’armes nucléaires à partir du plutonium des réacteurs de leurs centrales nucléaires.

Les répercussions des essais indiens sur les populations proches du site de Pokhran ne sont guère connues, si ce n’est pas des habitations des villages voisins ont eu des murs lézardés sous le coup des explosions.

L’Inde n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire. Elle n’a pas signé non plus le traité d’interdiction complète des essais nucléaires et elle fait partie de la liste des quarante-quatre Etats dont la ratification est nécessaire pour l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais.

Pakistan

Répondant aux essais nucléaires de l’Inde, le Pakistan procéda à des essais nucléaires souterrains quelques jours plus tard, dans le district de Chagai au Balouchistan. Le décompte des essais n’est pas clairement établi, si ce n’est que deux expériences ont été réalisées à deux jours d’intervalle, les 28 et 30 mai 1998. Les deux « expériences » étaient différentes :

-l’essai « Chagai I » eut lieu le 28 mai 1998, en tunnel de 1000 mètres de long creusé dans la montagne de Ras Koh du district de Chagai. Les sismologues américains ont relevé une énergie de 9 kt. Cependant, selon le scientifique Abdul Khan, aujourd’hui connu pour avoir acquis les composants des armes nucléaires pakistanaises dans de nombreux pays « occidentaux », l’essai « Chagai I » était composé d’un engin de 30-35 kt et de 4 autres engins de plus petites dimensions.
-l’essai « Chagai II » eut lieu le 30 mai 1998, dans un puits vertical creusé dans le district de Chagai. Son énergie, relevée par les services américains, a été évaluée entre 4 et 6 kt.

Tenant compte de ces données, les Pakistanais ont annoncé qu’ils avaient réalisé six essais nucléaires. Les informations sur les conséquences environnementales et sanitaires de ces essais ne sont pas connues.

Comme l’Inde, le Pakistan n’est pas signataire du traité de non-prolifération nucléaire. Il n’a pas signé non plus le traité d’interdiction complète des essais nucléaires et il fait partie de la liste des quarante-quatre Etats dont la ratification est nécessaire pour l’entrée en vigueur du traité d’interdiction complète des essais.

Corée du Nord

Le 9 octobre 2006, la Corée du Nord annonçait qu’elle venait d’effectuer un essai nucléaire souterrain à Hwaderi près de la ville de Kilju, dans le nord du pays. L’énergie dégagée par cet essai a été évaluée à 0,55 kt.

Cet essai de la Corée du Nord est l’aboutissement d’un processus datant de plusieurs années au cours desquelles ce pays était accusé de préparer une option militaire au prétexte du développement d’une industrie nucléaire civile. Le choix de l’arme nucléaire s’est précisé lorsque la Corée du Nord, quelques mois avant octobre 2006, s’était retirée du traité de non-prolifération nucléaire selon une procédure prévue par le traité mais utilisée pour la première fois.

L’essai coréen est certainement mal venu en ce sens qu’il a exacerbé les tensions régionales, notamment au Japon où un débat a cours encore aujourd’hui sur l’opportunité de renoncer à une Constitution pacifique et d’opter pour un système de défense nucléaire.

La République Démocratique Populaire de Corée fait partie des Etats qui n’ont pas signé le traité d’interdiction complète des essais nucléaires mais dont la ratification est nécessaire pour que le traité entre en vigueur.


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 Glossaire

Mot 
  • Kilotonne (Kt)
  • L’énergie libérée par l’explosion d’une bombe se mesure en kilotonnes (1 kt = 1000 tonnes) de TNT. L’énergie libérée par la bombe d’Hiroshima est évaluée à 15 kilotonnes. Les explosions thermonucléaires se comptent souvent en mégatonnes (Mt), soit 1 million de tonnes de TNT.
  • UNSCEAR
  • Comité scientifique des Nations unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants


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Où les Soviétiques ont-ils effectué leurs essais nucléaires ?



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