Le démantèlement des anciens sites sahariens
Selon des informations de source du ministère de la défense, « il n’a été retrouvé aucune synthèse et aucun compte-rendu donnant l’état radiologique dans lequel les champs de tir ont été restitués à l’autorité algérienne ».
En fait, tant à Reggane-Hammoudia qu’à In Eker, les opérations de « démantèlement » et de nettoyage des anciens sites d’essais ont été très sommaires. Un grand nombre de matériels contaminés ont été simplement enterrés sous un mètre de sable comme en témoignent quelques photos prises par des vétérans. Ce fut le cas des avions Vautour qui effectuaient des prélèvements dans les champignons des tirs aériens, de véhicules militaires, de structures métalliques abandonnées sur la zone des points zéro d’Hammoudia. En plusieurs lieux sur les anciens sites et autour de la base de Reggane, on tombe sur des amoncellements de fûts rouillés ayant contenu des produits pétroliers. Les sables vitrifiés par les explosions furent plus ou moins intégrés au sable de cette zone désertique. Les informations sur ces opérations et sur les personnels militaires qui en ont été chargés sont très parcellaires. On apprend même que des prisonniers de droit commun ont été employés à ces tâches en 1965, dans des conditions qui ne font guère honneur au « pays des droits de l’homme ».
En 1967, des unités algériennes du Génie ont pris la relève des militaires français. Le gouvernement algérien n’ayant pas les moyens financiers d’entretenir les installations de Reggane, des opérations de récupération de matériels, au profit des populations des palmeraies voisines ont été engagées. Les militaires algériens n’ayant pas été informés des risques radioactifs de certains sites, ont été contaminés par des matériaux de récupération qui dépassaient les normes radioactives autorisées.
En 2007, au cours d’une première visite du site d’In Eker organisée par le gouvernement algérien, on a pu constater l’incroyable état radiologique de la zone entourant la galerie E2 où se produisit l’accident du 1er mai 1962. Faute de temps, l’inspection n’a pas permis de vérifier l’ensemble des entrées des anciens tunnels de tirs. Cette même année, une visite accompagnée de personnalités officielles algériennes a permis de constater, en surface de la zone des points zéro d’Hammoudia, la présence d’innombrables fragments de sable vitrifié saturant les compteurs de radioactivité. Quant à la zone
CEA sous la base militaire de Reggane-Plateau, tout n’est que ruines et poubelle à ciel ouvert. Il est probable que le stationnement d’unités militaires algériennes après le départ des Français a contribué à la dégradation de ces lieux.