Avec Daniel Millaud, un sénateur prend la relève
D’une certaine manière, ce fut le successeur au Sénat de Pouvanaa a Oopa, Daniel Millaud qui reprit le flambeau.
Comme suppléant de Pouvanaa, il avait accompagné le « metua » lors des manifestations antinucléaires de 1973. De plus, de formation scientifique – il était chirurgien dentiste – il n’en était pas dupe de la désinformation officielle à propos de l’innocuité des essais nucléaires. La propagande le laissait sceptique et, comme il le reconnaîtra devant la commission d’enquête de l’Assemblée de Polynésie en 2005, il ne manquait pas une occasion de s’informer sur les risques du nucléaire. Ses archives, souvent annotées et précieusement conservées, laissent transparaître ses doutes. Ses interventions au Sénat, par des questions écrites ou lors de débats en séance, démontrent clairement ses convictions sur le nucléaire même si sa préoccupation majeure restait l’avenir et le développement de la Polynésie après la fin des essais qu’il jugeait inéluctable.
Les autres parlementaires qui se succédèrent à l’Assemblée nationale furent probablement tellement « engoncés » dans la politique locale et la juteuse gestion des dividendes des essais nucléaires qu’ils n’eurent pas le recul – ou la volonté politique – de prendre le temps de la réflexion sur les risques et les conséquences des expériences nucléaires sur le peuple polynésien.