L'exigence de vérité du président Oscar Temaru


Avec l’accession au pouvoir, en 2004, d’Oscar Temaru et de sa coalition, les élus polynésiens reprenaient en main le dossier nucléaire.

Ancien officier des douanes, Oscar Temaru connaissait Moruroa car sa profession le conduisait parfois, de 1964 à 1975, à contrôler sur l’atoll les avions et les bateaux. Oscar Temaru est un des rares hommes politiques polynésiens à avoir séjourné pour son travail sur les sites d’essais nucléaires. Beaucoup d’autres politiciens n’ont connu Moruroa qu’en visites guidées de propagande organisées par les Armées.

Sous la présidence d’Oscar Temaru, l’Assemblée de la Polynésie décida la mise en place d’une commission d’enquête sur la période des essais aériens et le gouvernement créait un « Conseil d’orientation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires ».

Délibération de juillet 2005, sur www.assemblee.pf
De son côté, le Conseil économique, social et culturel, institution du Pays, décida de sa propre enquête sur 30 ans d’essais nucléaires. En l’espace de deux ans, les institutions polynésiennes prenaient enfin la main sur le dossier nucléaire jusque là laissé aux soins de l’Etat.

Cette exigence de vérité des élus polynésiens, rejoignant celle de l’Eglise protestante et de Moruroa e tatou, ne manqua pas d’inquiéter le gouvernement central qui dépêcha son « pro-consul » ayant tout pouvoir pour enrayer la critique frontale des Polynésiens sur la thèse de l’innocuité des essais nucléaires qui est et reste la doctrine de l’Etat.


Au nom du ministère de la défense et de l’Etat, Marcel Jurien de la Gravière, ancien dirigeant de la Direction des applications militaires du CEA, accumula missions sur missions en Polynésie pour la « défense de l’innocuité ».

Bien sûr, il lâcha du lest sur « les marges » des vestiges du CEP : les « déconstructions » des ruines abandonnées par le CEP dans les îles et la mise en place du « suivi médical » des anciens travailleurs et des populations des îles proches de Moruroa.

L’instabilité politique de la Polynésie depuis 2004 lui favorisa la tâche : ce seront les armées qui assumeront la maîtrise des opérations dans les îles et les médecins militaires qui superviseront le suivi médical. Les deux atolls de Moruroa et de Fangataufa, sources de la plus grande inquiétude pour l’avenir écologique et sanitaire de la Polynésie, restent sous l’entière maîtrise de l’Etat et du ministère de la défense.







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