N’oublions pas les veuves !
Mais des femmes ont vécu dans le drame les conséquences des essais nucléaires. Elles sont nombreuses à avoir perdu – souvent très tôt – leur mari ou leur compagnon qui avaient participé (volontairement ou non) aux essais nucléaires. Le vécu de ces veuves mériterait bien plus que quelques lignes sur le « Mémorial vituel » tant leurs histoires personnelles et familiales sont poignantes.
C’est cette femme polynésienne d’un docker de Moruroa qui a appris subitement que son homme venait d’être évacué de toute urgence à Paris et qui n’a reçu qu’un cercueil quelques jours plus tard. C’est aussi cette jeune femme de militaire qui apprend que son mari a été hospitalisé à l’hôpital militaire de Percy et qui, convoquée par la hiérarchie militaire de son mari, est enjointe sous la menace de garder le secret qui emportera son mari à la mort. C’est encore cette jeune femme polynésienne qu’on convoque à Paris sur le lit d’hôpital de son compagnon alors à l’article de la mort pour la marier d’urgence et faire reconnaître leur enfant.
Les associations font un travail remarquable de soutien auprès des veuves. Un grand nombre d’entre elles – après avoir élevé seules leurs enfants – ne baissent pas les bras : elles se battent aujourd’hui devant les tribunaux pour faire reconnaître leurs droits. Anne Tardieu, responsable de l’Aven en Bretagne, veuve d’un ancien appelé du contingent envoyé à Moruroa, a la responsabilité du groupe des veuves : son témoignage éclaire toute la souffrance vécue par toutes ces femmes qui, pendant des années, ont dû affronter seules ces conséquences « familiales » des essais nucléaires.