La vérité sur les essais nucléaires
Cette réflexion est partagée par tous les Polynésiens : « Pourquoi faites-vous ces essais chez nous puisque vous affirmez qu’ils sont sans danger ! »
Depuis la création du
CEP jusqu’à aujourd’hui, ce point de vue de bon sens a sans cesse été décliné, tant par les élus de Polynésie que par la population. La réponse officielle des Amiraux, Généraux, Commandants Supérieurs, Ministres, Présidents de la République, Scientifiques « aux ordres » a obstinément été répétée sous des formulations voisines de la plus célèbre, celle du général de Gaulle déclamée le 9 septembre 1966 à Papeete :
« Ces expériences n’auront aucun dommage d’aucune sorte pour les chères populations de la Polynésie » !
Il aura fallu attendre le 27 novembre 2008, soit plus de 42 ans après le premier essai à Moruroa du 2 juillet 1966 pour que les Polynésiens reçoivent confirmation que toutes ces hautes personnalités leur avaient menti. Enfin, un ministre de la Défense reconnaissait les responsabilités des dirigeants français :
« Il nous restait à engager la France dans cette même voie s’agissant des victimes de radiations liées aux essais nucléaires. C’était à mon sens un devoir pour l’État et pour la France. La France s’honore d’assumer les fautes qu’elle a pu commettre par le passé. Je suis fier d’être le ministre de la défense qui, au nom du Gouvernement, vous le déclare de cette tribune. »
Cette reconnaissance tardive des « fautes » de la France est-elle suffisante pour apaiser les inquiétudes des Polynésiens ? Suffit-il d’une déclaration, fût-elle ministérielle ? Les Polynésiens ont le droit de savoir. Ils exigent la vérité, preuves et documents à l’appui… Du moment où le ministre a parlé, la porte des archives des essais nucléaires doit s’ouvrir au plus tôt. Cette démarche logique a été adoptée par les Etats-Unis : après une loi de réparation envers les victimes de ses essais nucléaires, en 1988, le gouvernement américain a ouvert ses archives quatre ans plus tard.
L’ouverture des archives est une demande récurrente des Polynésiens et des associations de victimes des essais nucléaires. C’est une exigence indispensable du droit à réparation. Comment, en effet, assurer la défense des victimes si les « preuves » restent ensevelies sous le sceau du secret ? A peine la France vient-elle de légiférer pour protéger de tout regard extérieur ses archives nucléaires, en juin 2008, qu’elle se propose, sous la pression des associations de victimes, de « réparer ses fautes ». La réparation exige de faire toute la vérité et non, comme depuis 40 ans, d’admettre que ce soient encore les représentants de ceux qui ont eu la responsabilité des essais nucléaires de distiller une information qui, jusqu’à ce jour, s’est révélée mensongère.