Le développement économique, social, sanitaire de la Polynésie


Dès l’implantation du CEP en Polynésie, la contrepartie annoncée par le général de Gaulle fut le « développement économique ». En fait, selon les économistes, ce fut l’accroissement de la dépendance économique et des transferts financiers.


Dans un récent article publié dans la revue Tahiti Pacifique Magazine de décembre 2008, Christophe Serra Mallol résume en quelques lignes la nouveauté : « D’un système d’exploitations agricole et minière, d’un mode de production colonial, la Polynésie française entre avec l’implantation du Centre d’Expérimentation (nucléaire) du Pacifique (C.E.P.) dans la modernité, dans l’ère de l’atome et d’une prospérité inimaginable. De quasiment créditeur vis-à-vis de l’extérieur et de la métropole, le nouveau Territoire d’Outre-mer devint fortement débiteur : la consommation prévaut désormais sur la production. »


Un chapitre entier du rapport de la Commission d’enquête de l’Assemblée de la Polynésie « Les Polynésiens et les essais nucléaires » résume les méfaits de cette apparence de développement qui de plus a créé un déséquilibre social jusque là inconnu dans la société polynésienne. Les taudis furent camouflés « derrière le rideau de fleurs » tandis que les rutilants 4x4 des privilégiés du système CEP défilent avec ostentation dans les embouteillages urbains de l’agglomération de Papeete. De solidaire, la société polynésienne est devenue impitoyable pour ses laissés-pour-compte de la modernité et, comme le mentionne Christophe Serra Mallol, « il se trouve que les groupes les plus défavorisés socialement et économiquement à Tahiti sont sur-représentés parmi la population ma’ohi. » L’argent de la métropole déversé sans compter et sans contrôle a entraîné, certes, une « prospérité inimaginable » pour une minorité au point qu’à l’aube de 2009, comme 43 ans plus tôt, la classe politique polynésienne débat encore de la nécessité du développement économique « durable » alors qu’inexorablement les flux financiers métropolitains se tarissent et ne se déverseront plus dans les tiroirs caisses sans fond du Territoire.

L’inquiétude est encore plus grande si l’on considère les « retombées sanitaires » de cette prospérité factice dont on sait plus si les énormes problèmes de santé publique ont pour origine la « modernité » ou, pour partie, les conséquences des expériences nucléaires et notamment des retombées des essais aériens. Il est probable que le coût d’un système de santé moderne tel qu’il va se mettre en place, en 2009, avec le nouveau système hospitalier de la Polynésie va dépasser les capacités financières du gouvernement local. Avec l’arrêt des évacuations sanitaires vers la métropole, les cancéreux et les cardiaques polynésiens vont se trouver bien seuls au milieu du Pacifique.

Aborder la question du « droit à réparation » pour le préjudice causé aux Polynésiens par 30 ans d’essais nucléaires devra nécessairement passer par une mise à plat de tous les problèmes évoqués dans cette partie du « Mémorial virtuel ».


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Combien la France a-t-elle effectué d’essais nucléaires aériens en Polynésie ?



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