Problèmes diplomatiques
Les Etats du Pacifique et l’implantation du CEP
Dès que se précisait l’implantation du
CEP en Polynésie française, les réactions des Etats du Pacifique ne se sont pas faites attendre. Dès février 1963, l’ambassade de France à Wellington doit recevoir une délégation de la Campagne pour le désarmement nucléaire qui organisa par la suite des manifestations dans plusieurs villes de Nouvelle-Zélande. Le Premier ministre conservateur proclame même « l’aversion de la Nouvelle-Zélande envers les expériences nucléaires ».
En avril 1963, le gouvernement australien prend fermement position contre les essais français. Dans les archipels du Pacifique sud voisins de la Polynésie française, l’émotion n’est pas moins forte. Le Premier ministre des Samoa occidentales demande, en juin 1963, à la Nouvelle-Zélande de protester en son nom auprès de la France. La reine de Tonga se déclare également très préoccupée.
De leur côté, les Eglises protestantes du Pacifique sont très actives dans les protestations et l’Eglise catholique se joint même à leur mouvement.
5 août 1963 : interdiction des essais dans l’atmosphère
L’ampleur de ce mouvement d’opposition à l’implantation d’un centre d’essais nucléaires en Polynésie française n’est pas étrangère aux négociations entre les Etats-Unis, l’URSS et le Royaume-Uni en vue d’une interdiction des essais dans l’atmosphère, dans l’espace cosmique et sous l’eau.
Prévoyant l’imminence de cette interdiction, les trois puissances nucléaires avaient multiplié les expériences atmosphériques si bien que l’année 1962 marque un sinistre record : 178 essais dont 117 en atmosphère pour cette seule année. En 1963, les Etats du Pacifique, estimant enfin être débarrassés du spectre des essais nucléaires, réagissaient donc avec vigueur en apprenant que la France allait effectuer ses expériences dans leur environnement malgré l’interdiction internationale.
Le 5 août 1963, les trois puissances nucléaires signaient à Moscou le « traité interdisant les essais d’armes nucléaires dans l’atmosphère, dans l’espace cosmique et sous l’eau ». Plus de 100 autres Etats co-signèrent le traité. La France et la Chine refusèrent de se lier à cette interdiction qu’elles considéraient comme un obstacle à leur défense nationale.