Essais nucléaires et santé. Données internationales


Recherches récentes sur les effets des radiations


Les recherches internationales sur les effets des radiations issues des explosions nucléaires sont tellement nombreuses depuis Hiroshima et Nagasaki qu’il n’est pas possible d’en faire la synthèse sur ce site « Moruroa ». De plus, la plupart des rapports sur ces recherches sont de haut niveau scientifique et donc difficiles d’accès à un public non spécialisé. Les organismes spécialisés des Nations unies comme l’UNSCEAR ont fait régulièrement la synthèse de ces recherches. Ainsi, quand on parle d’initiatives prises par certains Etats en faveur des victimes des essais nucléaires, il importe de rappeler qu’il ne s’agit pas seulement de décisions politiques prises sous le poids de l’opinion publique mais bien de mesures qui s’appuient sur des recherches communément admise dans la communauté scientifique.

Depuis une dizaine d’années, les épidémiologistes et les biologistes travaillant sur les effets des radiations ont bénéficié des récentes découvertes sur le génome et sur les mécanismes de l’ADN. Dans ce domaine, une avancée considérable concerne directement les vétérans des essais nucléaires. Des chercheurs de Nouvelle-Zélande ont étudié l’ADN d’un groupe de vétérans néo-zélandais qui avaient participé aux essais britanniques à Christmas dans les années 1950. Cette étude, financée par le gouvernement néo-zélandais, a été réalisée par une équipe de chercheurs autour du professeur Al Rowland. Elle démontre que l’ADN des vétérans compte trois fois plus d’anomalies que l’ADN du groupe témoin qui n’a pas participé aux essais, même cinquante ans après leur participation aux essais. Cette étude permet également de reconstituer les doses de radiations reçues par ces vétérans lors des essais.

Une autre série de recherches porte sur les effets non cancérigènes des radiations. On doit ces travaux à de nombreux chercheurs et notamment aux équipes d’épidémiologistes qui ont travaillé sur les conséquences de l’accident de Tchernobyl. Là encore, ces recherches sont connues et la synthèse en est publiée régulièrement par l’UNSCEAR. Désormais, il est admis par les chercheurs que les effets biologiques des radiations provoquent notamment des pathologies cardiovasculaires et que les radiations induisent une instabilité génomique transmissible.

Mesures prises par certains Etats pour les victimes des essais nucléaires


Les Etats-Unis ont été les premiers à prendre des mesures législatives, assumant leur responsabilité à l’égard des victimes de leurs essais nucléaires. La loi américaine est très large : elle s’applique aussi bien aux personnels américains civils et militaires qui ont participé au « nettoyage » d’Hiroshima et Nagasaki après 1945 qu’à ceux qui ont participé aux essais de 1946 à 1963. Elle s’applique aussi aux populations proches des sites d’essais, tant dans le Pacifique que sur le territoire américain. La loi américaine s’appuie sur le « principe de présomption ». En effet, le législateur n’ignore pas que d’autres causes peuvent être à l’origine des pathologies cancéreuses, mais, pour ceux qui peuvent justifier d’une présence sur les sites d’essais ou d’avoir vécu dans un rayon de 530 miles (environ 700 km) du site d’essais, la loi admet le lien entre la pathologie et les essais nucléaires. La loi américaine est révisable en fonction de l’évolution de la recherche médicale, c'est-à-dire que la liste des pathologies indemnisables est évolutive : d’une dizaine de cancer en 1988, la liste des maladies reconnues comme radio-induites comporte aujourd’hui 33 cas de pathologies cancéreuses.

Parallèlement à cette législation, lors des négociations entre les Etats-Unis et la République des Iles Marshall, un accord de compensation a été conclu entre les deux pays et un fonds d’indemnisation a été créé. Actuellement, de nouvelles négociations ont lieu entre les deux pays pour un réajustement du fonds d’indemnisation. Les revendications des Marshallais s’appuient notamment sur les découvertes faites dans les archives des essais nucléaires ouvertes par l’administration Clinton depuis 1993. Des documents officiels de l’époque des essais dans le Pacifique montent que plus de 20 atolls habités des Marshall avaient été touchés par les retombées des essais américains.

La Nouvelle-Zélande, l’Australie et Fidji ont également pris des mesures de compensations à l’égard de leurs ressortissants qui ont participé aux essais britanniques dans les années 1950 en Australie et à Christmas. Ces initiatives ont provoqué l’accélération de la mise en place d’un système de compensations au Royaume-Uni. Ainsi, en 2008, le gouvernement britannique a accordé le financement d’une étude ADN sur ses vétérans à la demande de l’association des vétérans britanniques et, de plus, ce gouvernement commence à reconnaître officiellement que des vétérans britanniques ont été contaminés lors des essais en Australie.

Enfin, le Canada vient de prendre, en septembre 2008, une mesure d’indemnisation au bénéfice de ses ressortissants – et de leurs veuves - qui ont participé à des essais aériens américains au Nevada. La décision du gouvernement canadien ne s’appuie pas sur des considérations médicales mais fixe une indemnisation pour tous en raison du « service rendu » à la nation canadienne.

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