La mission Cousteau (juin 1987)
Le contexte politique précédant la venue de la mission Cousteau a son importance : comme pour les précédentes mission scientifique, la mission est une occasion pour la France de défendre l’innocuité de ses essais nucléaires. Intervenant deux ans après l’attentat contre le Rainbow Warrior de Greenpeace, l’autorisation donnée au Commandant Cousteau pour une mission de quelques jours à Moruroa avait pour premier objectif de « rassurer » l’opinion publique française particulièrement sensibilisée par les thèmes environnementaux. La France devait également « réparer » l’affront fait aux écologistes français et européens à la suite de l’expulsion de Polynésie de la députée européenne des Grünen allemand Dorothée Piermont en mars 1986.
L’équipage de la Calypso séjourna à Moruroa du 20 au 25 juin 1987 et comme pour la mission Tazieff, il fut procédé au tir Iphitos, sous le lagon de Moruroa, le 21 juin. Le rapport de la mission Cousteau, publié 18 mois plus tard, comporte quelques critiques et révèle notamment qu’une fuite d’iode-131 radioactif a dû se produire lors du tir Iphitos. Bref, Cousteau dénie la parfaite étanchéité des tirs souterrains pourtant proclamée régulièrement par la direction des essais.
Une présentation et des critiques du rapport Cousteau ont été faites dans un document du ministère de la Défense de 1995 distribué aux parlementaires et aux médias. Le ministère admet que les traces d’iode radioactif décelées par Cousteau sont probablement dues à une fuite accidentelle lors du post-forage d’un tir précédent, le tir Dircé du 6 juin 1987. Cousteau affirme n’être guère convaincu par cette explication.
En 1995, le ministère de la Défense émettait ce jugement sur la mission Cousteau : « De par le but qu’elle poursuivait, la visite de la fondation Cousteau à Mururoa revêtait forcément un caractère médiatique plus marqué que les missions scientifiques qui l’y ont précédée. Il n’en demeure pas moins qu’elle a effectué un travail qui complète en partie celui réalisé par Tazieff et Atkinson, travail critique et indépendant, qui comporte certaines conclusions discutables mais qui a confirmé une fois de plus que la situation radiologique de Mururoa n’avait rien à voir avec l’état catastrophique que lui prêtent ses détracteurs. »