La mission de l’AIEA (1996)


Le 29 janvier 1996, deux jours après le dernier essai nucléaire français à Fangataufa, le Président Jacques Chirac annonçait qu’il demandait à l’Agence internationale de l’énergie atomique de réaliser un bilan radiologique des atolls nucléaires de la Polynésie française.

La mission de l’AIEA fut essentiellement financée par la France qui, de plus, fournissait toute l’infrastructure technique aux équipes scientifiques de l’AIEA pour les opérations de prélèvements d’échantillons. Mais, ce n’est pas tout : la France fournissait à l’Agence internationale une série de 13 documents techniques sur les aspects radiologiques et géomécaniques des essais, documents publiés par la France à La Documentation française et tous établis par des « experts » du CEA et des Armées ou mandatés par ces deux institutions. Ces documents techniques français ont permis à l’AIEA de réduire ses missions de prélèvements sur les atolls de Moruroa et Fangataufa qui se sont déroulées pendant quelques jours en juillet et août 1996.

Le rapport de la mission l’AIEA a été rendu public en 1998. Le 2 juin, à Tahiti, un résumé du rapport a été commenté dans les locaux de l’Université : innocuité des essais a conclu la presse locale. Du 30 juin au 3 juillet 1998, le symposium officiel sur les travaux de l’AIEA à Moruroa et Fangataufa s’est déroulé au siège de l’Agence à Vienne (Autriche). Un seul Polynésien était présent – M. John Doom – et il fallut même imposer sa présence puisqu’il ne faisait pas partie des « experts » internationaux invités ! Il a fallu également négocier âprement avec le Président de séance pour que John Doom puisse prendre la parole devant ces centaines de « scientifiques » qui durent écouter, médusés, le récit dont il fut témoin à Mangareva le 2 juillet 1966… Evidemment, le rapport de l’AIEA ne mentionne nullement la forte contamination de Mangareva, mais dans le compte-rendu du symposium, le témoignage de John Doom n’a pas été reproduit !

Le rapport de l’AIEA qui reprend la plupart des 13 documents officiels français compte un volume principal de 310 pages et 6 annexes techniques. Il ne s’agit pas d’un « historique » des essais français en Polynésie, mais d’un état des lieux radiologique des deux atolls nucléaires. La version anglaise du rapport principal est disponible sur le site internet de l’AIEA, mais la version française est payante ! Comme dans tous les rapports officiels, ce ne sont pas les conclusions qui présentent un réel intérêt. Les conclusions permettent généralement d’approuver le point de vue du financeur, la France en l’occurrence. Mais le rapport en lui-même et ses annexes comptent des informations plus précises qui ont servi de base « officielle » à la critique des essais nucléaires de la France.

Une mission technique de géologues, invités par la France, suivi la mission de l’AIEA. Le rapport de cette Commission géomécanique internationale, dit « Rapport Fairhurst » fut publié en 1999 et apporte de nombreux éléments nouveaux présentés dans la partie « Risques environnementaux du « Mémorial virtuel », notamment sur les problèmes de stabilité et d’hydrologie liés aux essais nucléaires.


La France et une grande partie de la presse, notamment en Polynésie, ont présenté le rapport AIEA comme la caution scientifique internationale de l’innocuité des essais français. Cette présentation était tellement scandaleuse que des experts participants à la mission de l’AIEA ont protesté et souligné que les « effets sanitaires des essais restent incertains » et que leurs effets destructifs sur les atolls sont avérés.



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