Royaume-Uni


Le Royaume-Uni a effectué cinq fois moins d’essais nucléaires que la France et, néanmoins, il a engagé des opérations environnementales importantes au titre des réparations, notamment en Australie sur l’ancien site de Maralinga et récemment sur l’atoll de Kiritimati (Christmas).

Réhabilitation et indemnisation en Australie

En 1984, le gouvernement australien prit l’initiative de créer une commission sur les essais nucléaires anglais en Australie, avant de restituer les terrains aux Aborigènes. Le groupe de scientifiques s'étonna alors de trouver des niveaux de radioactivité beaucoup plus élevés et sur une zone beaucoup plus étendue que ce que les Britanniques avaient déclaré 20 ans plus tôt. La Commission australienne conclut que le Royaume-Uni avait conduit ses essais avec beaucoup d’imprudence et commis de nombreuses omissions dans les précautions de sûreté radiologique. Elle a également ajouté que les Britanniques avaient manqué d’honnêteté en donnant des informations et des données techniques sur les niveaux d’irradiation et les puissances des essais effectués. Le gouvernement australien engagea donc des poursuites judiciaires contre le Royaume-Uni.

Le 10 décembre 1993, le gouvernement britannique a finalement accepté, dans le cadre d’un accord avec le gouvernement australien, de réhabiliter le site de Maralinga. Il s'est engagé à verser 20 millions de livres à Canberra pour mettre fin au conflit sur la décontamination des sites d'essais nucléaires anglais. Mais le programme engagé a été évalué à 108 millions de dollars et devait s’achever au milieu de l’année 2000. Ce programme comprend la réhabilitation des terrains et l’enfouissement des terres contaminées au plutonium et le traitement des 21 sites de stockages souterrains de déchets contaminés au plutonium. Mais près de 500 kilomètres carrés de terres, trop contaminées, resteront condamnées à tout jamais.

Réhabilitation de Kiritimati

En 1999, une commission spéciale du ministère de la défense britannique étudie un rapport sur les essais nucléaires de Christmas, établi par une équipe de chercheurs britanniques. Ce rapport avait été demandé par le gouvernement de Kiribati pour inciter les Britanniques à réhabiliter cette île.

Ce rapport étudie les dommages et les déchets laissés sur Kiritimati à la suite des essais des années 50. Les Anglais ont décidé de remettre à plus tard la décision à prendre prétextant leur engagement dans la crise du Kosovo, mais ils ont promis aux dirigeants de Kiribati de les tenir au courant des suites qu’ils entendaient donner à cette affaire. En 2004, le gouvernement britannique a finalement décidé le financement de la réhabilitation de Kiritimati pour 8 millions de livres. Les travaux ont commencé en avril 2004, mais peu d’informations sont disponibles sur le déroulement de ces opérations effectuées par une société sous-traitante du ministère de la défense britannique.

Réclamations des Iles Cook

Les essais thermonucléaires britanniques de 1957 et 1958 ont été réalisés à proximité des Iles Christmas et Malden. Or il se trouve que les Iles Malden se trouvent à proximité de l’archipel des Iles Cook qui a été touché par les retombées radioactives de ces essais. En 2004, des habitants du nord des Iles Cook demandent réparation et accusent la Nouvelle-Zélande qui avait, à l’époque, la tutelle des Iles Cook de ne pas avoir exigé des mesures de protection de la part des Britanniques. Ils reprochent également à la Nouvelle-Zélande d’avoir négligé la tenue des dossiers médicaux des habitants du groupe Nord des Iles Cook, cachant ainsi les conséquences sanitaires des essais britanniques. Ils demandent aujourd’hui à la Nouvelle-Zélande d’appuyer leurs revendications vis-à-vis du Royaume-Uni.

Les vétérans britanniques et du Commonwealth

L'association des vétérans britanniques (British Nuclear Tests Veterans Association - BNTVA) a été créée en 1983 et compte aujourd'hui plus de 2000 membres, soit environ 10 % des quelque 20 000 membres des forces armées qui ont participé aux essais nucléaires anglais dans le Pacifique. Cette association a été à l'origine de l'étude de santé de Mrs Sue Rabbitt Roff de l’Université de Dundee (Ecosse) qui a montré notamment que le cancer des os ou les myélomes multiples étaient dix fois plus fréquents chez les vétérans des essais que dans le reste de la population.

A la suite de cette étude, le gouvernement britannique a décidé de désigner un "éminent épidémiologiste" pour étudier les effets sur la santé sur les militaires qui avaient servi en Australie dans les années 1950. Le ministère de la défense qui avait déjà conduit une étude sur les vétérans avec le "National Radiological Protection Board" a déclaré qu'une nouvelle investigation serait conduite pour "rassurer les gens" que leurs maladies ne sont pas liées aux essais. Selon la législation anglaise, il est possible d'obtenir des compensations en raison d'une maladie ayant pour origine la participation aux essais nucléaires, mais peu de vétérans ont eu accès à une telle possibilité.

En février 2008, sous la pression de l’association BNTVA et des actions conduites en Australie, en Nouvelle-Zélande et à Fidji, le gouvernement de Gordon Brown s’est engagé à financer une étude épidémiologique sous la direction de chercheurs indépendants désignés par BNTVA. Le ministère de la défense britannique a annoncé qu’une somme de 412 000 livres serait allouée pour cette étude.

Le 5 juin 2009, conformément à la législation britannique, les vétérans des essais nucléaires ont obtenu, par jugement, le droit de poursuivre le gouvernement britannique devant la justice pour obtenir des compensations.
La Haute Cour de Justice britannique a statué que le gouvernement devra faire face à une très large action des vétérans des essais nucléaires qui coûtera des millions de livres sterling au ministère de la défense. Jusqu’à ce jugement, le ministère de la défense argumentait au prétexte que les recours des vétérans étaient déposés trop tardivement.


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 Glossaire

Mot 
  • Irradiation
  • Exposition de l’organisme ou d’une partie de l’organisme à des rayonnements ionisants.


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