Quand les alliés espionnaient la France


La division électronique de l'USS Belmont (1965-66). Le retrait de la France de l’organisation militaire de l’OTAN indisposa les alliés américains qui, de plus, voyaient d’un mauvais œil le développement de la « force de frappe » du général de Gaulle. Déjà, lors des essais français au Sahara, les Etats-Unis avaient mis en place des installations de surveillance depuis Tunis et Tripoli. Les mêmes procédures se sont poursuivies en Polynésie, dès le premier essai du 2 juillet 1966. Avec cet espionnage « amical » sous forme de survols, de prélèvements et de navigation dans la zone proche de Moruroa, les Etats-Unis espéraient savoir où en était la France dans sa recherche sur la bombe H.

Mais ce n’était pas simple curiosité : les Etats-Unis et l’URSS observaient les essais aériens français afin d’en tirer éventuellement quelques enseignements pour leurs propres intérêts. Contraints de cesser les essais aériens du fait du traité de Moscou de 1963, les « experts » militaires des deux Grands n’étaient pas mécontents des expériences françaises qui leur permettraient d’utiliser quelques informations supplémentaires pour la mise au point de leurs propres arsenaux. Les opérations du Strategic Air Command américain dénommées « Burning Light » avec des avions KC-135 étaient tellement coûteuses qu’elles furent probablement arrêtées au milieu des années 1970 et certainement remplacées par d’autres méthodes plus discrètes.

L’ « espionnage » naval américain se faisait quasiment au grand jour. Les rapports officiels français des années 1966 et 1967 mentionnent habituellement ces présences étrangères sous le titre « Liberté du champ de tir ». Certains vétérans de la Marine nationale ont même affirmé que des hélicoptères de l’Aéronavale française se déposaient sur les bâtiments américains Belmont et Richfield stationnés à la limite de la zone interdite.


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