Protestations « tous azimuts »


L’année 1973 est marquée par une forte contestation des essais aériens français. Dès mars, depuis la Nouvelle-Zélande, une expédition « médiatique » se prépare. Une équipe internationale comptant un Français, le pasteur Gilbert Nicolas, embarque sur un petit voilier, le Fri en direction de Pitcairn, puis de Moruroa et Tahiti. L’objectif est bien évidemment d’alerter l’opinion mondiale mais aussi, tant que faire se peut, de retarder la campagne d’essais aériens prévue à partir de juillet 1973. Le Fri sera épaulé par l’organisation néo-zélandaise Peace Media et son voilier Spirit of Peace. Fin juin, le gouvernement néo-zélandais dépêchera même autour de Moruroa la frégate Otago.

Document Fri (1973)A la différence de la « croisière contestatrice » de 1972, les actions militantes ont été étroitement coordonnées. En mai, les gouvernements d’Australie, de Nouvelle-Zélande, puis de Fidji déposent une requête devant la Cour Internationale de Justice de La Haye, exigeant de la France qu’elle renonce à ses essais aériens. En France, quelques parlementaires suivent le parcours du Fri et mènent la contestation.

Plusieurs députés - Jean-Jacques Servan-Schreiber, Louis Besson, Charles Josselin, Anne-Marie Fritch – se joignent au « Bataillon de la Paix » qui débarque à Tahiti en juin. Accompagnés de représentants des Eglises, le pasteur Richard-Mollard et le Père Avril, ils manifestent, le 23 juin, dans les rues de Papeete, derrière le fauteuil roulant du sénateur de la Polynésie, Pouvanaa a Oopa et du député de la Polynésie Francis Sanford. Ils apportent le message des « Français contre la bombe », lancé à l’initiative du Mouvement pour le Désarmement, la Paix et la Liberté. Plusieurs milliers de Polynésiens formeront un impressionnant cortège dans la capitale tahitienne.
Entre temps, le 22 juin, la Cour Internationale de Justice aura statué provisoirement demandant à la France de s’abstenir de sa campagne d’essais aériens. Mais, à Moruroa, il n’en fut nullement question : la DIRCEN procéda à 6 tirs aériens entre le 21 juillet et le 13 septembre 1973.

Peu après, des militants non-violents français ont rejoint le Fri pour une action de « vigile » autour de Moruroa. Ce sont Jean-Marie Muller, fondateur du Mouvement pour une alternative non violente, Brice Lalonde, alors jeune écologiste, l’abbé Jean Toulat, écrivain et le général Jacques de Bollardière, mis d’office à la retraite pour avoir protesté contre l’usage de la torture en Algérie.

Le 17 juillet, le Fri est arraisonné à proximité de Moruroa. Son équipage et ses passagers sont transférés d’abord à Hao, puis à Papeete où ils entameront une grève de la faim. Le 22 juillet, le général de Bollardière sera directement évacué sur Paris au prétexte de raisons de santé. Le 31 juillet, en gage de protestation, il écrit au Président de la République, lui demandant de le faire rayer de l’Ordre de la Légion d’Honneur.


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Mot 
  • DIRCEN
  • Direction des centres d’expérimentations nucléaires


 Quizz
Quelle est la date du premier essai nucléaire français à Moruroa ?



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