Evolution des atolls nucléaires à partir de 1966
Avant les essais, Moruroa et Fangataufa avaient l’apparence de n’importe quel atoll des Tuamotu. Une première grande modification a été réalisée par les travaux d’infrastructures du
CEP : cocoteraies en partie rasée, bétonnage avec les pistes d’aviation, zone portuaire, blockhaus, routes et plus tard les installations des zones techniques et de la zone vie…
A partir du 2 juillet 1966, les atolls sont réellement devenus « nucléaires », c'est-à-dire que des zones entières furent réglementées, interdites même aux personnels. Des cartes et des plans de Moruroa – on n’a pratiquement pas de documents similaires pour Fangataufa – ont été établis pour prévenir les personnels du
CEP.
Très curieusement, les services de sécurité radiologique ne portaient pas la même attention sur le lagon dont les eaux dépassaient largement la radioactivité naturelle. Même du temps des essais aériens, les jeunes marins et militaires se baignaient quand bien même les pontons contaminés étaient recouverts de vinyle pour isoler les poussières des retombées des essais. Plus tard, à l’époque des essais souterrains, les plans signalent la « baignade autorisée » sur quelques plages du lagon de Moruroa et la plage de la zone vie avait des allures de « Club Med » !
Depuis l’installation du
CEP, Moruroa est certainement l’atoll des Tuamotu qui a « hébergé » le plus d’habitants « étrangers » au cours des 30 années des essais. Les chiffres ne sont pas publics. Il est probable que le recensement exact n’a jamais été fait par le ministère de la défense. Une approximation a été cependant publiée dans le premier rapport du Comité de liaison pour le suivi sanitaire des conséquences des essais nucléaires français (
CSSEN). Les personnels militaires, pratiquement tous des hommes, effectuaient pour la plupart leur premier séjour en Polynésie : un document d’information comportant quelques conseils pour les contacts avec les « indigènes » leur était distribué à leur arrivée au
CEP.