La Marine à Moruroa
L’histoire du
CEP, notamment au temps des essais aériens, est étroitement liée à celle de la Marine nationale. Lors des premières campagnes de tir, avec la force Alfa, en 1966 et 1968, près de la moitié du tonnage de la marine de guerre française, soit une centaine de bâtiments avec près de 5 800 hommes, se trouvait à Moruroa.
De plus, les explosions aériennes provoquant d’importantes retombées sur tout l’atoll, l’ensemble du personnel logeait en permanence sur des « bateaux-bases » qui, lors des tirs, s’éloignaient de l’atoll à distance de sécurité en fonction des consignes du Service Mixte de Sécurité Radiologique.
Lors des tirs aériens, le commandement du
GOEN était basé sur le De Grasse d’où était déclenché le feu nucléaire. La Rance, le navire du
SMSR, avait un rôle particulier dans le domaine de la sécurité. Ce bâtiment était le premier à retourner dans le lagon de Moruroa après un tir : son personnel effectuait les mesures radiologiques et prenait des dispositions immédiates de sécurité pour le retour de tous les personnels du
CEP à leurs postes de travail afin de préparer le tir suivant.
La Marine et l’aéronavale avaient un rôle important dans la conduite des essais aériens. Les deux porte-avions Foch et Clémenceau et les bâtiments de l’escadre de la force Alfa, en plus de la dimension « démonstrative » affirmant l’importance des essais nucléaires pour la France, contribuaient au programme avec leurs avions de reconnaissance, leurs hélicoptères et leurs nombreux personnels, y compris polynésiens.
Enfin, pendant toute la durée des essais, l’infrastructure portuaire, ses hommes, ses embarcations, ses ateliers de maintenance ont eu un rôle capital depuis la fixation des ballons pour les tirs aériens, la conduite des engins de forages et diverses barges lors des essais sous lagon, les transports à l’intérieur des lagons…