Les entreprises sous-traitantes et leurs personnels
Le centre d’expérimentation ne pouvait pas fonctionner sans l’apport de personnel local. Les travaux financés par l’Etat constituent un apport aux finances publiques de la Polynésie. Selon l’économiste Gilles Blanchet, cet apport de l’Etat représente 98 % du PIB de la Polynésie en 1966.
Il en résulte une floraison d’entreprises du bâtiment et des travaux publics. En 1965, près de 1000 entreprises travaillent pour le
CEP, mais une quinzaine seulement emploient plus de 100 salariés. La force de travail mobilisée représente 4000 personnes en 1964, 7000 en 1965 et 13000 en 1966, soit le quart de la population active de Polynésie. Mais la décroissance de l’emploi local viendra rapidement, avec des fluctuations lors des grandes campagnes de tirs de 1968 et du début des années 1970.
A partir de 1975, avec les essais souterrains, les effectifs salariés sont considérablement réduits. Il est difficile d’obtenir des chiffres précis concernant le personnel polynésien employé au
CEP. Les travailleurs locaux du
CEP n’étaient plus que 1205 en 1984, 860 en 1992 et près de 600 à la fin des essais en 1995.
De nombreux Polynésiens ont eu des périodes d’emploi relativement courtes, selon les besoins en main d’œuvre du
CEP. Par contre, c’est parmi les travailleurs polynésiens que l’on compte les plus longues carrières professionnelles sur les sites d’essais. La seule enquête sociologique réalisée auprès des travailleurs polynésiens a été effectuée en 1996 à l’initiative de l’Eglise Evangélique et de l’association Hiti Tau.
Il s’agit d’un document de qualité exceptionnelle, le seul qui donne un regard polynésien – et scientifique - sur l’emploi et la vie des Polynésiens à Moruroa. Le titre du livre « Moruroa et nous » a été repris par l’association Moruroa e tatou qui poursuit un travail d’accompagnement et de défense des « survivants » et de leurs familles.
Nombre d’années pendant lesquelles les salariés ont travaillé sur les sites