La Légion étrangère et l’armée de terre au CEP
L’arrivée de la Légion étrangère effrayait quelque peu les Polynésiens. C’est probablement pour cette raison que le 5ème Régiment Etranger d’Infanterie fut dissous et immédiatement rebaptisé 5ème Régiment Mixte du Pacifique. Deux bataillons de travaux entreprirent, dès 1963, la construction du camp militaire d’Arue (Tahiti) et par la suite, eurent la mission de construire les infrastructures du
CEP, à Moruroa, Fangataufa, Hao et dans les « postes périphériques ».
Lors des problèmes d’effondrements du versant récifal de Moruroa à la suite d’essais souterrains, la Légion fut chargé de construire le mur de protection colossal qui longe la côte océanique de l’atoll sur plusieurs kilomètres. De même, la section du Génie était chargée de rehausser par endroits le niveau des routes qui s’affaissaient en raison des essais souterrains et qui étaient recouvertes par les eaux océaniques.
Formés à la stricte discipline militaire, les légionnaires furent désignés, selon les témoignages, pour les plus « sales » travaux pendant toute la période des essais. La discipline de corps fait que les conséquences sanitaires subies par les légionnaires restent enfouies derrière le mutisme traditionnel. Quelques témoignages d’anciens du RMP sont suffisamment éloquents pour confirmer le lourd tribut payé par ces militaires.
D’autres unités de l’Armée de terre ont participé au
CEP et notamment de nombreux jeunes appelés du contingent, y compris polynésiens, y effectuèrent leur service militaire. La plupart d’entre eux n’avaient aucune préparation au travail en zone nucléaire, pas plus d’ailleurs qu’au contact avec une population à la culture très différente de la leur.
Les effectifs militaires présents au
CEP sont difficiles à reconstituer. Cela fait partie des non dits de la « grande muette » qui se refuse, sous de nombreux faux prétextes, à fournir des listes des personnels qui ont été présents sur les sites d’essais. Un chiffrage très imprécis a été publié dans le rapport 2004 du Comité de liaison pour la coordination du suivi sanitaire des essais nucléaires français.