Tomite te rai hau
Tahiti et la Polynésie française sont loin d’être isolés au milieu du Pacifique.
Les relations avec le reste du Pacifique anglophone sont fréquentes et facilitées par le réseau des Eglises très mobilisées sur les questions nucléaires, en lien avec le mouvement « Nuclear Free and Independant Pacific » (NFIP) basé à Suva (Fidji).
De plus, en Polynésie comme dans les pays insulaires du Pacifique, il n’y a pas de cloisons étanches entre les associations, les Eglises et le monde politique, si bien que la formation des militants sur les questions nucléaires se fait souvent dans le cadre de rencontres internationales de la Conférence des Eglises du Pacifique ou du réseau NFIP.
Au milieu des années 1980, alors que la gauche au pouvoir « ouvre » les sites d’essais à des missions d’experts nationaux et internationaux, le réseau antinucléaire polynésien invite ses propres experts, comme Rosalie Bertell, scientifique canadienne, qui venait de publier un livre très documenté et accusateur sur les risques des faibles doses de radioactivité « Sans danger immédiat ». La contestation polynésienne des essais nucléaires prit ainsi une dimension plus large avec la création en 1988 du « Tomite te rai hau » rassemblant dans une même réflexion des militants politiques, des hommes d’Eglise, des représentants associatifs. La diversité des origines du Tomite te rai hau fait que l’association se concentre surtout sur la formation et sur une exigence d’information de la part des autorités du
CEP.
On note aussi, à cette époque, une inflexion dans le traitement médiatique des questions nucléaires : la presse écrite de Tahiti ouvre enfin ses colonnes aux arguments du Tomite te rai Hau.