Moruroa e tatou


Grâce au travail de Hiti Tau en Polynésie et à ses relations internationales en Europe et dans le Pacifique avec le réseau PIANGO, le PCRC de Suva (Fidji) et le réseau NFIP, la lutte des anciens travailleurs de Moruroa pouvait prendre son « autonomie ». Il fallut cependant un temps de « mûrissement » des fruits de l’enquête sociologique, allongé par le décès subit de Ralph Teinaore, Secrétaire général de l’Eglise Evangélique.

Dans un premier temps, il fallut éditer le travail des sociologues et trouver des financements. Là encore, la solidarité internationale et des Eglises ont joué : ces dernières ont largement contribué à l’édition des résultats de l’enquête en français et en anglais et c’est l’association japonaise Gensuikin, regroupant les victimes d’Hiroshima et Nagasaki, qui finança l’édition en reo maohi « Moruroa e tatou ». Une édition en allemand a même été diffusée dans les réseaux allemands ! Les militants polynésiens ont aussi décidé de « porter l’information » en métropole, jusque dans les locaux de l’Assemblée nationale, où se tint, le 20 février 1999, un colloque intitulé « Essais nucléaires en Polynésie : exigence de vérité et proposition pour l’avenir », en présence de 250 personnes.

Moruroa e tatou a pris son envol, conjointement avec l’association « jumelle » Aven de métropole le 5 juillet 2001. Roland Oldham fut désigné président lors de l’assemblée constitutive qui se tient dans la grande salle de l’Eglise Evangélique de Paofai à Papeete. L’histoire et les actions de Moruroa e tatou sont maintenant connues grâce à son site internet.
Site internet www.moruroaetatou.com


Quelques moments forts peuvent être rappelés :
• la conférence internationale du 19 janvier 2002, au Sénat à Paris sur « les essais nucléaires et la santé »
• la grande manifestation à Papeete le 27 juillet 2003 lors de la visite de Jacques Chirac à Tahiti
• l’action actuellement en cours auprès des tribunaux pour faire reconnaître les droits des victimes des essais nucléaires.


Un procès à Papeete


Après plus de deux ans de procédures et de reports, le 27 avril 2009, une audience au tribunal du travail de Papeete était consacrée à huit victimes polynésiennes des essais à Moruroa.

Parmi les huit plaignants, seuls trois survivants étaient présents, les cinq autres étant représentés par leurs veuves. Ce procès a mobilisé l’attention de la société polynésienne. Le Président du Pays, Oscar Temaru, a reçu les huit plaignants et il était présent dans la salle d’audience avec plusieurs de ses ministres et des Représentants de l’Assemblée de la Polynésie.
Une foule de plusieurs centaines d’anciens travailleurs de Moruroa et de sympathisants s’était rassemblée aux abords du Tribunal aux côtés des membres de la Commission permanente de l’Eglise Protestante Maohi. Les médias locaux ont largement couvert l’événement. Deux équipes de la télévision japonaise NHK, accompagnées par M. Eiji Okumura, un survivant du bombardement d’Hiroshima, venu témoigner la solidarité des « hibakusha » japonais aux victimes des essais nucléaires. La défense des anciens travailleurs a été assurée par Me Jean-Paul Teissonnière, assisté de Me Philippe Neuffer qui avait suivi, à Papeete, toutes les procédures antérieures.

Le 25 juin, le jugement rendu par le tribunal du travail a été considéré par les avocats comme une victoire juridique importante, le tribunal reconnaissant explicitement les fautes commises par l’Etat et le Commissariat à l’énergie atomique à l’égard des anciens travailleurs. Hélas, des problèmes de procédure et de réglementation spécifiques à la Polynésie, ont fait que les indemnisations demandées ont été pratiquement toutes écartées. Les avocats reprendront les dossiers de ces huit anciens travailleurs de Moruroa dans le cadre du système d’indemnisation prévu par la loi Morin.


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 Quizz
Qu’appelle-t-on « essais sous-critiques » ?



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