Les essais souterrains sous la couronne corallienne de Moruroa
La configuration de l’atoll de Moruroa est telle que les puits d’essais souterrains ne pouvaient être forés que sur des zones limitées de la couronne corallienne.
En effet, toute la partie Est de Moruroa a été occupée par la « zone vie » avec les logements et installations diverses consacrées aux personnels, avec les infrastructures techniques et industrielles (pistes d’aviation, port, laboratoires…).
La zone Nord, autour de Denise comme la zone Sud ouest autour de Dindon ont été aussi réservées à des activités techniques, mais probablement aussi parce qu’il subsistait des risques radiologiques datant des essais aériens.
Les tirs souterrains « sous couronne » à Moruroa qui ont été concentrés en 4 zones ont inévitablement fragilisé les pentes extérieures de l’atoll. Les informations officielles sur les essais souterrains ne donnent que les 4 zones de la couronne et les 3 zones du lagon. Pour chaque zone, le nombre et la période des tirs est indiqué.
L’emplacement précis de chaque tir qu’on verra sur les cartes en document provient de sources non officielles. Par contre, la profondeur de chaque puits n’est pas connue, tandis que l’énergie développée lors de chaque tir est une évaluation faite par l’
AIEA en 1996.
En effet, la transparence à l’égard des experts de l’
AIEA n’a pas été parfaite. Quelques pages de l’annexe technique n°4 du rapport de l’
AIEA sont étonnantes : les experts font des hypothèses sur la profondeur des puits et sur l’énergie des tirs, schémas à l’appui, alors que la
DIRCEN possédait toutes ces données pour chaque essai souterrain comme l’atteste le seul schéma fourni pour le tir Aristée !
En fait, ces informations, restées secrètes, sur la profondeur des puits et l’énergie exacte de chaque tir auraient permis de mieux comprendre les causes des effondrements des pentes de l’atoll, des affaissements de terrain et des fuites potentielles de produits radioactifs provenant de la cavité de tir.
Ces informations permettraient aussi de savoir à quel niveau de la pente extérieure de l’atoll se situent les risques de fissures et d’effondrements. A titre de comparaison, les Etats-Unis ont fourni, pour chacun de leurs tirs souterrains au Nevada, la profondeur du point zéro et l’énergie produite par l’explosion.