Les risques géologiques deviennent réalité
Le 13 mars 1977, le Direction des essais procède à un premier tir souterrain de plus forte puissance. Le tir « Nestor », évalué à 47 kt (3 fois Hiroshima), est effectué ce jour-là dans la zone sud-ouest de Moruroa, au point « Zoé ».
A cette occasion, un phénomène inquiétant se produisit : une vague « assimilable à un mini tsunami » a battu les côtes de l’atoll. Selon les syndicats
CEA de Moruroa ce phénomène est certainement lié à un glissement de terrain important sur la pente du volcan. La zone sud-ouest de Moruroa est donc fragile.
A chacun de ces tirs, on constate des effondrements sur la pente extérieure de Moruroa. Les vagues en retour de ces explosions souterraines sont si importantes qu’elles inquiètent les personnels et les autorités.
Pourtant, dans la même zone, quelques mois plus tard, la Direction des essais fait procéder à « Zoé » le tir Enée de 50 kt (24 novembre 1977). Un an plus tard, le 13 novembre 1978, l’essai Priam (64 kt) est tiré dans la même zone, au point « Coucou ». Enfin, le 25 juillet 1979, on procède, à « Ara », toujours dans la zone sud-ouest, au tir Tydée de 112 kt (presque 8 fois Hiroshima).
L’enquête sur les conséquences du tir Tydée, avec un raz-de-marée qui provoqua deux blessés entraînés par la vague, révéla de plus que la bombe était restée coincée lors de sa descente dans le puits et qu’il avait fallu procéder à l’explosion « plus haut que prévu ». Désormais, la Direction des essais fit circuler parmi les personnels des mises en garde contre les « phénomènes hydrauliques ».
Puis décision fut prise de faire construire des murs de protection sur plusieurs kilomètres, d’installer des « plateformes » surélevées de plusieurs mètres où tous les personnels devaient se réfugier au moment du tir ou en cas d’alerte de tsunami et enfin de faire procéder au plus tôt à des tirs sous lagon qui éloigneraient les explosions souterraines des pentes extérieures de l’atoll.