Les fuites des essais souterrains


Depuis le début des essais souterrains, le discours officiel consistait à affirmer que tout était parfaitement confiné dans les profondeurs volcaniques des atolls.

Pourtant, en juin 1987, la mission Cousteau a mesuré des traces de produits radioactifs (césium-134 et iode-131) dans les échantillons d’eau prélevés à Moruroa. Pour Cousteau, ces traces auraient pu provenir de fuites du tir du 21 juin auquel il avait assisté ou du tir précédent du 6 juin. Le SMSR a alors expliqué que ces traces provenaient d’un incident technique lors d’un post-forage où des boues radioactives seraient retombées accidentellement dans le lagon. Prudemment, le rapport Cousteau écrit qu’il n’a pas pu vérifier l’hypothèse du SMSR.

Il faudra attendre la publication du rapport de l’AIEA, en 1998, pour apprendre que les tirs souterrains n’ont pas été tous contenus dans la zone volcanique des atolls. Les experts de l’AIEA avaient en effet mesuré des taux de radioactivité anormaux dans leurs prélèvements. Le ministère de la Défense a alors fourni à l’AIEA un document montrant que 23 essais souterrains avaient dépassé la zone étanche du volcanisme et que des fissures de la cheminée à la verticale des points zéro s’étaient produites jusque dans la zone carbonatée des atolls. Cela signifie que les mesures de radioactivité effectuées par l’AIEA pourraient provenir de ces zones moins étanches que les parties volcaniques.

En 2006, le livre publié par le ministère de la Défense « La dimension radiologique des essais nucléaires français en Polynésie » présente deux tableaux des « rejets de gaz rares radioactifs » et des « rejets d’iode » radioactif mesurés lors des essais souterrains. On constate ainsi que 41 essais souterrains sur 147 ont produit des fuites radioactives, soit un essai sur trois. Les listes des fuites signalées par le ministère de la Défense sont-elles complètes ? Probablement pas. En effet, certains dossiers médicaux d’anciens foreurs polynésiens notent des contaminations dues vraisemblablement à des fuites qui ne sont pas signalées dans le livre du ministère de la Défense. De plus, des dossiers médicaux notent les doses de contamination des personnels travaillant aux forages : on constate que ces travailleurs ont été contaminés lors des fuites signalées officiellement.


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  • AIEA
  • Agence internationale de l’énergie atomique
  • SMSR
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