Où sont les risques ?


Trente années d’expérimentations nucléaires et 193 explosions atomiques au-dessus et dans les sous-sols des atolls de Moruroa et Fangataufa ont marqué durablement l’environnement de la Polynésie française.

Nier ou occulter ces faits et leurs conséquences environnementales relève de la propagande. Et pourtant, c’est le discours négationniste habituel – ou le non-dit – des autorités officielles responsables du suivi des essais, relayé trop souvent par des responsables politiques polynésiens ou nationaux mal informés ou peu soucieux d’une information indépendante.

Clairement, les risques environnementaux sont de nature radioactive. Cependant, la physique nucléaire permet de distinguer entre les risques pour aujourd’hui et pour l’avenir et les risques subis du temps des essais. Une explosion nucléaire projette dans l’environnement (air, eau, sols, végétation et chaîne alimentaire) des radio-éléments dont la « durée de vie » peut aller de quelques milliardièmes de seconde à quelques millions de siècles. De plus, chaque radio-élément a un comportement particulier sur son environnement. Ainsi, les physiciens démontrent que certains éléments radioactifs se comportent vis-à-vis de la chaîne biologique comme leurs « homologues » neutres. L’iode radioactif, par exemple, se fixe sur la thyroïde comme l’iode neutre ; le strontium radioactif se fixe sur le système osseux comme son homologue le calcium neutre ; le césium radioactif se fixe sur le système musculaire comme son homologue le potassium neutre. D’autres éléments radioactifs comportent des risques différents selon le type de rayonnement qu’ils émettent…

Parler de risques environnementaux de la radioactivité, c’est envisager les risques biologiques par l’intermédiaire de la chaîne alimentaire. A Moruroa, beaucoup de travailleurs polynésiens ne pouvaient s’empêcher de manger du poisson pêché dans le lagon ou sur le récif. Nombreux sont ceux qui ont ainsi été empoisonnés. Alors que les autorités militaires certifiaient qu’il s’agissait d’une intoxication par la ciguatera (maladie des coraux), les dossiers médicaux de certains travailleurs montrent qu’en fait, il s’agissait d’une intoxication due à l’ingestion de poissons, œufs d’oiseaux… contaminés par des produits radioactifs. Les rejets ou déversements potentiels de produits radioactifs dans l’environnement proche de Moruroa et de Fangataufa comportent donc des risques de contamination de la chaîne alimentaire.


Quelques données simples de physique nucléaire doivent permettre à tout citoyen qui n’est pas titulaire d’un doctorat ès-sciences d’apprécier les risques encourus du fait des essais nucléaires. Il ne faut donc pas s’étonner que les spécialistes de la « désinformation » sur les conséquences des essais, abreuvent leur littérature d’informations, de graphiques, de courbes, de « reconstitutions de doses »… que, seuls, les experts peuvent interpréter. Ainsi, le plus grand risque pour l’appréciation du danger des essais nucléaires est de cantonner le débat aux informations scientifiques, excluant ainsi toute possibilité de débat démocratique.



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Depuis l’arrêt définitif des essais nucléaires, sur quoi porte la surveillance de Moruroa ?



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