Les conséquences de l’instabilité des atolls


Les géologues reconnaissent que l’évolution naturelle des atolls, à l’échelle des temps géologiques, conduit inévitablement à des effondrements et à d’importantes modifications des structures immergées.

Les experts des missions Tazieff, Cousteau et de la Commission géomécanique internationale ont tous rappelé ces données élémentaires de la géologie des atolls.

Tous les experts ont reconnu que les structures extérieures des deux atolls nucléaires avaient été fragilisées et que le processus naturel d’instabilité des deux atolls en serait accéléré. Pour déterminer « un site de référence », le CEA chargé de la surveillance de Moruroa, a installé en 2003, un système de surveillance géologique sur l’atoll de Rangiroa qui a approximativement les mêmes caractéristiques que Moruroa. Après deux ans d’expertise, le CEA constate que, contrairement à Moruroa, l’atoll de Rangiroa n’a pratiquement pas bougé.

Les conséquences environnementales d’un effondrement des quelques pans des pentes extérieures de Moruroa ou de Fangataufa sont bien évidemment très différentes d’un même processus sur un autre atoll. En plus des risques de tsunami qui pourraient se répercuter jusque sur les atolls proches, notamment sur Tureia, l’hypothèse la plus vraisemblable serait l’ouverture sur l’océan d’une cavité de tir souterrain. Les matières nucléaires contenues dans la cavité seraient alors déversées dans le milieu océanique avec toutes les conséquences imaginables sur la chaîne biologique. Au cas où aucune cavité de tir souterrain ne serait touchée, tout effondrement des pentes extérieures des atolls fragiliserait les strates rocheuses des atolls, provoquant ou élargissant des failles et fissures qui accéléreraient la remontée des matières radioactives vers la surface.

Publié en 1999, le rapport de la Commission géomécanique internationale dirigée par le Pr Fairhurst laisse entendre que des effondrements se produiront à Moruroa et à Fangataufa dans un délai relativement court – un siècle ou deux – et non dans les temps géologiques, c'est-à-dire d’ici plus milliers voire millions d’années. Sans être alarmiste, le rapport Fairhurst signale que la pente extérieure nord-est de Fangataufa a été « fragilisée » alors qu’aucun essai souterrain n’y a été réalisé. Il recommande de rendre publique cette information sur Fangataufa afin qu’un suivi indépendant puisse être mis en œuvre.

Curieusement, les rapports de suivi géomécanique des atolls effectués par le CEA depuis 1999 ne mentionnent jamais le rapport Fairhurst dont la mission avait pourtant été commanditée par le gouvernement français. L’information sur les stockages de déchets radioactifs dans les puits de tir de la couronne de Moruroa n’a pas été fournie par le gouvernement français à la Commission Fairhurst. Il est probable que les conclusions et recommandations du rapport Fairhurst auraient été différentes si ces informations avaient été communiquées.


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