Les déchets non radioactifs
Les activités multiples qui se sont déroulées à Moruroa et Fangataufa pendant trente ans ont généré des tonnes de déchets non radioactifs : déchets ménagers, déchets industriels, produits de démolitions d’installations (habitations, bureaux, laboratoires…)… Il y a eu, à Moruroa, une usine d’incinération des ordures ménagères. Celle-ci a été détruite en 1996 car, selon les autorités militaires, elle n’était pas transportable. Cette réponse n’est pas satisfaisante car, selon des témoignages, on y incinérait aussi des poissons et végétaux contaminés ramassés sur l’atoll après les tirs aériens.
Comme c’est le cas sur tous les atolls, la corrosion est telle que les matériels métalliques ne résistent guère et doivent être remplacés au bout de quelques années : de nombreux véhicules de toutes sortes ont été, soit abandonnés sur place, comme à Fangataufa, soit stockés sur un site isolé de Moruroa. Mais dans la plupart des cas, les véhicules étaient « océanisés ».
En 1996, lors des gigantesques opérations de démantèlement de Moruroa, des milliers de tonnes de matériaux de démolition ont été « océanisés » même si les gravats de bétons ont été utilisés pour rehausser les zones de l’atoll qui s’étaient effondrées et même si les autorités militaires ont affirmé qu’ils éviteraient le plus possible les rejets à l’océan. Mais, là encore, les témoignages de travailleurs polynésiens employés à ces tâches contredisent les propos des militaires.
En 2007, lors des discussions entre le Conseil d’orientation pour le suivi des conséquences des essais nucléaires (Coscen) et les autorités militaires chargées des opérations d’assainissement dans les îles proches de Moruroa, on a appris que des transformateurs électriques au pyralène se trouvaient sur la base interarmées de Hao. Il est probable que des transformateurs du même type se trouvaient à Moruroa et Fangataufa. Que sont-ils devenus ? Quelles précautions ont-elles été prises au moment du démantèlement en 1996, alors qu’il n’y avait ni « témoin » extérieur ni organisme polynésien chargé du contrôle et de la vérification ?