Les déchets radioactifs à Moruroa
Toutes les opérations entourant la préparation et les contrôles effectués avant et après chaque essai ont généré des multitudes de matériaux contaminés.
La diversité de ces objets considérés comme des déchets radioactifs selon les normes de l’industrie nucléaire était telle que des solutions « hors normes » ont dû être trouvées pour les éliminer. Parmi ces objets, on trouve des avions Vautour (après passages dans le champignon), des véhicules de toutes dimensions, des matériels militaires exposés aux explosions, les débris contaminés récupérés sur les sols après les tirs aériens, les gravats de démolition des laboratoires d’analyses radiologiques, les « carottes » de sols récupérées dans les forages après les tirs souterrains, les tenues de protections, chiffons, instruments de manipulation d’objets contaminés…
Les témoignages de déversements en mer de ces matériaux contaminés étaient tellement nombreux et concordants, souvent accompagnés de photos, que le représentant du ministère de la Défense fut dans l’obligation, en octobre 2006, de fournir plus de détails aux autorités polynésiennes. Selon les informations données officiellement, trois sites (deux au large de Moruroa et un au large de Hao) ont servi de zone d’immersion de déchets radioactifs. Ces trois sites ont été utilisés pour les rejets entre 1967 et 1982, date à laquelle la Convention de Nouméa interdisait tout rejet de déchets radioactifs dans le Pacifique.
Après 1982, les déchets radioactifs ont été précipités dans les parties supérieures de 25 puits de tirs souterrains de Moruroa. Deux autres puits spéciaux ont été creusés à Denise pour les déchets de haute activité (plutonium notamment). Plusieurs sommets des puits qui contiennent ces déchets sont actuellement immergés en raison des affaissements du sol de Moruroa et plusieurs autres sont situés dans des zones fragilisées. Un rapport sur la gestion de ces déchets à Moruroa a été réalisé en 2006 à la demande du ministre de la santé de la Polynésie : l’auteur de ce rapport met en cause la gestion de ces déchets radioactifs par la
DIRCEN, effectuée en totale contradiction avec toutes les normes en vigueur selon la législation française.
La présence de ces déchets radioactifs, situés dans une zone relativement proche de la surface du lagon de Moruroa constitue probablement le plus grand risque environnemental des prochaines décennies. Très curieusement, en 1996, le ministère de la Défense n’a donné aucune information sur ces immersions et sur ces déchets en puits à Moruroa aux experts des missions de l’
AIEA et de la Commission géomécanique internationale.