Des avions de la RAF dans le champignon
Après chaque expérimentation nucléaire à Maralinga, des appareils de l’Escadre 76 avaient pour mission de voler à travers le champignon atomique et de prélever des échantillons. Les membres des équipages de ces avions ont reçu des doses d’irradiation six fois supérieures aux normes de protection internationales actuelles réservées au personnel des sites nucléaires. Après l’atterrissage, des soldats étaient chargés de nettoyer les avions. Habillés seulement de short et de bottines, armés brosses et de seaux remplis de détergent, ils avaient ordre d’assurer l’entretien et d’enlever toute trace de radioactivité de l’appareil et d’autres équipements.
En octobre 1957, après les essais de Maralinga, cinq appareils de Canberra de l’Escadre 76 ont été dépêchés à travers le Pacifique jusqu’à l’île Christmas, à l’occasion de la prochaine série d’expérimentations nucléaires. Ces avions ont fait une escale technique pour l’entretien et l’avitaillement à l’aéroport de Nandi, à Fidji. Ordre a été donné aux membres d’équipage de ces bombardiers de la RAF de ne pas révéler aux autorités locales que les moteurs étaient encore revêtus d’une pellicule de matériau radioactif. Les autorités savaient que les avions étaient radioactifs, mais elles ont tenté de dissimuler les dangers. En octobre 1957, une note de service du Commandant de la force opérationnelle nucléaire de la RAF indique :
« Les avions de l’Escadre No.76 à destination de l’île Christmas et s’arrêtant à Nandi et Canton pourraient être radioactifs à l’intérieur. Il semblerait qu’aucune réglementation n’existe concernant le transit d’un appareil radioactif dans des aéroports civils internationaux, notamment Nandi et Canton. Le fait qu’un moteur puisse être « chaud » doit être dissimulé aux autorités de Nandi, à moins qu’elles ne posent la question. »
En Australie, des dangers existaient pour les communautés situées dans le sens du vent par rapport au site d’expérimentations. Certains essais atmosphériques ont dégagé des faisceaux de fumée radioactive à travers des régions habitées. Par exemple, après la troisième bombe de Maralinga, dénommée Kite, le 11 octobre 1958, une partie d’un énorme champignon atomique contenant du strontium-90 a subitement changé de direction avec le vent. Incontrôlable, le nuage a été poussé par le vent vers le sud en direction de la capitale de l’État, Adélaïde et sa population de 518 000 habitants à cette époque.