Obstacles industriels
Les ingénieurs militaires affirment qu’il n’était pas nécessaire d’avoir de l’uranium-235 pour la mise au point de la bombe H. Néanmoins, la France avait construit dans ce but à Pierrelatte, dans la vallée du Rhône, un énorme complexe de quatre usines pour la fabrication de cet uranium dit « de qualité militaire ».
L’usine militaire de Pierrelatte n’est entrée en service qu’à la fin 1966 et le premier lingot d’uranium-235 à 90 %, a été livré à la
DAM du
CEA le 7 avril 1967. Or chaque essai pour la mise au point de la bombe H nécessiterait environ une quinzaine de kilos de cet uranium-235 de qualité militaire. Lorsque débutait la campagne de tirs de 1967, le
CEA était donc loin du compte.
De plus, la bombe H ne pourrait exister sans les isotopes gazeux de l’hydrogène, le tritium et le deutérium. La
DAM du
CEA a construit à Marcoule, dans la vallée du Rhône, (dans le même centre qui fournit le plutonium pour les bombes A) deux réacteurs spécifiques dénommés « Célestin » qui produisent le tritium, mais aussi du deutérium.
Le premier réacteur Célestin-1 est entré en service le 15 mai 1967 et Célestin-2, le 3 octobre 1968. Avec le peu de tritium disponible (notamment fourni par le centre
CEA « civil » de Saclay), les ingénieurs réaliseront des modèles de bombes dits « à fission dopée » jusqu’au 24 août 1968.