Nettoyage de Fangataufa


Les ingénieurs militaires avaient une obsession : tout préparer au plus vite pour le tir suivant. Après Canopus, d’autres essais de bombe H étaient prévus et Fangataufa devait être nettoyé, notamment la piste d’aviation qui était encombrée de cadavres de poissons, de débris de coraux et de restes de végétaux.

Il y avait donc nécessité d’envoyer des hommes à terre pour effectuer ces travaux. Selon une note de service du 28 août 1968, soit 4 jours après Canopus, les légionnaires étaient déjà à Fangataufa pour accueillir un renfort de cinq soldats de l’armée de l’air. A cette date, l’eau du lagon près de la piste d’aviation avait une radioactivité entre 8 et 9 MBq/m3, soit environ 700 fois la radioactivité naturelle de l’eau de mer. Nous ignorons tout de ce que sont devenus ces hommes.

Quelques semaines plus tard, des jeunes soldats qui effectuaient leur service militaire à Moruroa furent envoyés en renfort pour le nettoyage de Fangataufa. Ils logeaient sous la tente près de la piste d’aviation. Lorsqu’ils se sont aperçus que leurs compteurs Geiger crépitaient fortement, ils se mirent en grève ! Mai 1968 était-il déjà passé à Fangataufa ? Mais dans l’armée, la grève est interdite, aussi la Sécurité militaire les menaça de prolonger leur service militaire et ils durent se remettre au travail.


Transcription du carnet de bord de Guy Andronik

Dimanche 17 novembre 1968

Arrivée sur l’atoll de Fangataufa le vendredi 15. Arrivé à Muru j’ai pris le Super Frelon. Fanga atoll perdu au milieu du Pacifique désert, plus de végétation, plus de cocotier, rien que la poussière et les cailloux, ajoutez à cela des zones contaminées partout. Le camp est installé sur un ancien endroit déjà contaminé. Vraiment on se fout de nous. Je sais que je suis contaminé à quelques chocs mais le principe y est. On travaille toujours toute la journée. Les consignes de prudence sont très peu respectées. Le lieutenant Kerois s’en fout de cela et il ne vise que sa 3ème barrette. La nourriture est bonne mais il y a des milliers de mouches partout. Le point zéro se trouve face à nous. Vennat s’est assis sur des blocs de béton contaminés à 400 chocs. Les sanitaires, un trou du plancher c’est tout, comme en 1914. On risque pas la mort, mais la contamination dans un sens c’est peut-être pareil. Naturellement pas de femmes. Je suis ici jusqu’en février sans femme. Remarque, depuis 7 mois c’est pareil. J’ai retrouvé toute la bande heureusement car le moral est bon. Bon à présent je vais faire un petit schéma pour la disposition du camp.

(Voir le schéma sur le carnet de bord)




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